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1695

1434. — DE MADAME DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.

À Paris, le 28e d’octobre.

Vous avez eu la colique, ma chère amie, et quoique je sache que vous vous en portez bien présentement, je ne saurois être rassurée que je ne le sois par vous-même. Je vous demande aussi des nouvelles de Mme de Grignan ; si vous saviez combien l’air subtil est contraire à ses maux, vous l’obligeriez de se mettre dans une litière bien faite et bien commode, et vous gagneriez Paris : l’air de Lyon lui feroit connoître qu’il n’y a point de meilleur remède pour elle que de changer de climat : c’est l’avis de mon oracle[1]. La maréchale de Boufflers[2] a été fort malade d’une pareille maladie ; elle se porte très-bien aujourd’hui. Le Roi est de retour[3] dans une parfaite santé. Je vis hier la duchesse du Lude, qui est venue à Paris pour se faire saigner et purger, sans autre raison, je crois, que d’avoir trop de santé. Il s’est fait de grands changements à Chaulnes. M. de Chaulnes aime son château comme sa vie et ne le peut quitter. Mme de Chaulnes passe les jours, et peut-être une bonne partie des nuits, à jouer. M. de Coulanges est devenu délicat et précieux ; les visites de province l’ennuient. Je vois souvent notre petite accouchée[4] ; elle a un fils un peu plus grand que son père[5], et un peu moins grand que le maréchal ; il n’y

  1. Lettre 1434. — 1. Helvétius.
  2. 2. Catherine-Charlotte de Gramont, mariée le 17 décembre 1693 ; elle était fille d’Antoine-Charles duc de Gramont (l’ancien comte de Louvigny) et de Marie-Charlotte de Castelnau.
  3. 3. Il avait quitté Fontainebleau le 26 octobre, et était venu à Meudon, où il passa deux jours. (Journal de Dangeau, aux 26, 27 et 28 octobre 1695.)
  4. 4. La duchesse de Villeroi.
  5. 5. C’est-à-dire un peu plus grand que Louvois par la naissance.