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1695 beaucoup plus doux que celui de Grignan. J’ai impatience que la campagne soit finie, pour que vous me mandiez que Mlle de Grignan changera de nom ; personne ne souhaite plus que moi de lui voir un bon établissement. Je suis ravie, ma chère gouvernante, que vous désapprouviez l’achat de toutes ces vilaines petites maisons d’auprès de Paris, et que vous approuviez, au contraire, l’acquisition que nous avons faite de Dampierre ; je crois vous avoir mandé que nous n’avons pas donné un sol d’argent comptant. On nous cède Dampierre avec cinq mille livres de rente, qui y sont attachées pour l’entretenir ; et la vie durant de M. le duc de Chaulnes, M. le duc de Chevreuse prendra cinq mille livres de rente sur nos revenus. Nous nous accommoderons aussi des meubles, afin de n’avoir aucun embarras. J’espère bien, ma chère gouvernante, que vous y viendrez faire de petits séjours avec moi, et que vous ne serez pas fâchée de voisiner un peu avec Port-Royal des Champs[1] Mon secrétaire a lu votre lettre à M. de Chaulnes avec tous les tons qui y convenoient, et nous avons bien plaint la belle Comtesse ; mais c’est à M. de Chaulnes à vous répondre sur l’empressement qu’il a eu de voir Mme la marquise de Grignan : il a reçu toutes les lettres de Monsieur votre fils, dont il est fort content. Il faut laisser toutes ces tracasseries-là de province[2] jusqu’à ce que nous soyons tous ensemble à Paris. Vous jugez bien que je serai toujours disposée à ne lui pas faire son procès, personne ne connoissant mieux que moi les dits et redits de la ville de Rennes ; et le secrétaire ne sait que trop comme

  1. 2. L’abbaye de Port-Royal des Champs était située près de Chevreuse et de Dampierre, à environ une lieue nord de l’un et de l’autre (Dampierre est à une lieue ouest de Chevreuse), à six lieues sud-ouest de Paris.
  2. . Voyez ci-dessus, p. 317 et 318.