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1695 roit envoyer, quoique manuscrits. Je vous les ferai lire à Paris, où j`espère toujours vous voir ; car je sens mille fois plus l`amitié que j'ai pour vous que vous ne sentez celle que vous avez pour moi. C’est l'ordre, et je ne m`en plains pas.

Voilà une lettre de Mme de Chaulnes, que je vous envoie entière, par confiance en votre sagesse. Vous vous justifierez des choses où vous savez bien ce qu’il faut répondre, et vous ne ferez point d’attent1on à celles qui vous pourroient fâcher. Pour moi, j`ai dit ce que j'avois à dire, mais en attendant que vous répondissiez vous-même sur ce que je ne savois pas ; et j`ai ajouté que je vous manderois ce que cette duchesse me mandoit. Écrivez-lui donc tout bonnement comme ayant su de moi ce qu'elle écrit de vous. Après tout, vous devez conserver cette liaison : ils vous aiment, et vous ont fait plaisir ; il ne faut pas blesser la reconnoissance. J`ai dit que vous étiez obligé à l`Intendant[1] mais je vous dis à vous mon enfant : Cette amitié ne peut-elle compatir avec vos an-

    qu'elle ne soit terminée. Quoi qu’on en dise, voilà bien des questions finies : son érudition et son autorité étoient d’un grand poids pour le parti : heureux qui n'en a point d’autre que que celui de Jésus-Christ ! » Voyez le Port-Royal de M. Sainte-Beuve, tome III, p. 586 et suivantes

  1. 11. « La lettre de Mme de Chaulnes a surtout pour objet de grandes plaintes, de la part de cette dame, sur ce que M. de Sévigné ne sortait pas de chez l'intendant de Rennes, et sur ce qu’il négligeait, disait-on, le premier président du parlement de Bretagne (la Faluère : tome IX, p. 136, note 2) et le procureur général (était-ce encore la Bedoyère, le mari d'une parente de la duchesse de Chaulnes ? voyez tome VII, p. 305, note 11, et p. 388). Mme de Chaulnes attachait beaucoup d’importance à cet article. « Il me paroît, dit-elle, que cela n’est pas d'un homme de la qualité de Monsieur votre fils, de se mettre toujours à la suite d’un intendant. » (Lettre de François de Neufchâteau, qui avait les originaux sous les yeux, tome I de Grouvelle, p. exciij.) — Dans l’État de la France de 1694, l'intendant de Bretagne est encore Louis Béchameil, marquis de Nointel, maître des requêtes.