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1695 me paroissez loin de penser à Paris pour notre marquise ; vous ne voyez que Bourbon pour le printemps : conduisez-moi toujours dans tous vos desseins, et ne me laissez rien ignorer de tout ce qui vous touche.

Rendez-moi compte d’une lettre du 23e d`août et du 30e. Il y avoit aussi un billet pour Galois, que je priois M. Branjon[1] de payer : répondez-moi sur cet article. Il est marié, le bon Branjon ; il m'écrit sur ce sujet une fort jolie lettre. Mandez-moi si ce mariage est aussi bon qu’il me le dit ; c’est une parente de tout le parlement et de M. d’Harouys : expliquez-moi cela, mon enfant. Je vous adressois aussi une lettre pour notre abbé Charrier ; il sera bien fâché de ne vous plus trouver. Et Monsieur de Toulon[2] ! vous dites fort bien sur ce bœuf, c’est à lui à le dompter, et à vous à demeurer ferme comme vous êtes. Renvoyez la lettre de l’abbé à Quimperlé[3].

Pour la santé de votre pauvre sœur, elle n`est point du tout bonne. Ce n’est plus de sa perte de sang, elle est passée ; mais elle ne s'en remet point, elle est toujours changée à n'être pas reconnoissable , parce que son estomac ne se rétablit point, et qu’elle ne profite d`aucune nourriture ; et cela vient du mauvais état de son foie, dont vous savez qu`il y a longtemps qu`elle se plaint. Ce mal est si capital, que, pour moi, j`en suis dans une véritable peine. On pourroit faire quelques remèdes à ce foie ; mais ils sont contraires à la perte de sang, qu`on craint toujours qui ne revienne, et qui a causé le mauvais effet[4] de

  1. 2. Voyez tome IX, p. 314, note 18.
  2. 3. Armand-Louis Bonnin de Chalucet, d’une famille de Bretagne (voyez tome III, p. 10, note 16), fut évêque de Toulon de 1684 à 1712, et se distingua par sa fermeté et son courage pendant le siège de Toulon en 1707.
  3. 4. Charrier était abbé de Quimperlé : voyez tome IX, p. 319 et note 13, et p. 329, note 8.
  4. 5. Tel est le texte de l'édition de Grouvelle (1806), qui a donné le