1691
1322. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.
Qu’êtes-vous devenue, ma chère cousine ? je vous ai écrit le dernier, du 10e décembre[1] : je n’ai pas ouï parler de vous depuis ce temps-là ; pour moi, je n’ai bougé d’ici, où, à des rhumatismes près, je me suis assez bien porté. Si vous m’aviez fait réponse mes fluxions ne m’auroient pas empêché de vous répliquer : le rhumatisme n’a pas été jusqu’à l’esprit[2]. J’écrivis le jour de l’an dernier au Roi[3] seulement pour entretenir les bonnes coutumes, car je ne lui demandois rien ; au contraire je lui donnois mille souhaits, et une partie de mes vœux a déjà été exaucée dans la prise de Mons[4].
Comme vous savez qu’il est difficile que je demeure sans rien faire, je m’occupe présentement à quelque chose de conséquence[5] ; je ne puis vous mander ce que
- ↑ Lettre 1322. — 1. Tel est le texte de la copie autographe. L’édition de 1697 donne : « je vous ai écrit le dernier au mois de décembre. » Les éditions les plus récentes portent ici : « je vous ai écrit le 10e décembre dernier ; » et trois lignes plus bas : réflexions, au lieu de fluxions.
- ↑ 2. L’esprit a été changé dans le manuscrit, par une autre main que celle de Bussy, en la tête ; et de même, trois lignes plus loin, donnois en faisois.
- ↑ 3. Cette lettre au Roi n’est ni dans le manuscrit, ni dans l’édition de 1697, non plus que dans les Nouvelles lettres (1709).
- ↑ 4. Tout le reste de la lettre a été biffé dans le manuscrit, et remplacé, d’une autre main, par cette seule phrase : « Adieu, ma chère cousine : je ne sais rien de ce pays qui vous pût divertir. » Ces mots terminent la lettre dans l’édition de 1697, où l’on a omis tout ce qui avait été effacé.
- ↑ Le Discours à ses enfants sur le bon usage des adversités et sur