Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


1695

1430. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À CHARLES DE SÉVIGNÉ ET AU PRÉSIDENT.

De Grignan, le mardi 20e septembre.

Réponse au 7e.

Vous voilà donc à nos pauvres Rochers, mes chers enfants ! et vous y trouvez une douceur et une tranquillité exempte de tous devoirs et de toute fatigue, qui fait respirer notre chère petite marquise. Mon Dieu, que vous me peignez bien son état et son extrême délicatesse ! j’en suis sensiblement touchée, et j’entre si tendrement dans toutes vos pensées, que j’en ai le cœur serré et les larmes aux yeux. Il faut espérer que vous n’aurez dans toutes vos peines, que le mérite de les souffrir avec résignation et soumission ; mais si Dieu en jugeoit autrement, c’est alors que toutes les choses impromises arriveroient d’une autre façon ; mais je veux croire que cette chère personne, bien conservée, durera autant que les autres ; nous en avons mille exemples : Mlle de la Trousse[1] n’a-t-elle pas eu toute sorte de maux ? En attendant, mon cher enfant, j’entre avec une tendresse infinie dans tous vos sentiments, mais du fond de mon cœur. Vous me faites justice quand vous me dites que vous craignez de m’attendrir en me contant l’état de votre âme ; n’en doutez pas, et que je n°y sois infiniment sensible. J’espère que cette réponse vous trouvera dans un état plus tranquille et plus heureux. Vous

  1. Lettre 1430. — 1. Peut-être, suivant une note de l’édition de 1818, Mlle de Méri, qui s’appelait Mlle de la Trousse depuis la mort de sa sœur. L’usage, et surtout l’état ordinaire de la santé de Mlle de Méri, rendent cette supposition bien vraisemblable ; cependant Mlle de la Trousse était morte en décembre 1685 (tome VII, p. 481), et en novembre 1688 (tome VIII, p. 235) Mlle de Méri n’avait pas encore, ce semble, changé de nom pour reprendre celui de son aînée. Voyez ci-dessus, p. 238, note 1.