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1695 tendre les ordres du Roi. La maréchale de Boufflers est transportée de joie de sa nouvelle dignité, et ne sait point encore ce malheur, qui selon les apparences ne sera pas long. Revenons aux épigrammes ; le maréchal de Villeroi en est chamarré[1] ; il a pourtant la consolation de savoir que le Roi est persuadé qu’il n`a aucun tort ; et je sais bien ce que je dis ; mais le monde veut juger de ce qu’il ignore, et comme on juge par l’opinion des autres, on est assez fou pour se croire malheureux malgré sa bonne conduite. Le Roi va aujourd’hui à Marly pour dix jours.

M. et Mme de Chaulnes partiront dans peu pour Chaulnes, et moi avec eux : que dites-vous de cette résolution ? ne me trouvez-vous pas grande femme tout à fait ? M. de Coulanges est toujours à Évreux ; Mme de Louvois le boude ; Mlle de Bouillon l’aime de passion, et le retient malgré lui ; moi je lui écris régulièrement et lui mande toutes les nouvelles ; à qui donneriez-vous la préférence ? Les passions sont horribles ; je ne les ai jamais tant haïes que depuis qu’elles ne sont plus à mon usage ; cela est heureux. Notre dragon[2]est sorti tout couvert de gloire, et tout nourri de cheval ; il a écrit une très-plaisante lettre à sa sœur ; dans toutes les relations

    gens. Montal n’avait consenti à admettre la garnison de Dixmude à capituler que sous la condition qu’elle resterait prisonnière ; celle de Deynse s’y était également soumise. Voyez le Journal de Dangeau, aux 30 et 31 juillet 1695. (Note de l’édition de 1818.)

  1. 3. On ne citera que celle-ci sur l’air de Joconde :

    Quand Charles sept contre l’Anglois
    N’avoit plus d’espérance,
    De Jeanne d’’Arc Dieu fit le choix
    Pour délivrer la France ;
    Ne t’embarrasse pas, grand roi :
    Cent fois plus sûre qu’elle,
    Dans le fourreau de Villeroi
    Il est une pucelle. xxxx (Note de l’édition de 1818.)

  2. 4. Sanzei, neveu de Coulanges.