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1695 aura infailliblement surprise : il n’y en eut jamais de si prompte. Mme de Lesdiguières a été présente à ce spectacle ; on assure qu`elle est médiocrement affligée. L’on ne parle point encore du successeur ; mais bien des gens croient que ce sera Monsieur de Cambrai[1] et ce sera certainement un bon choix ; d`autres disent M. le cardinal de Janson. Nous saurons lundi ce grand événement ; la chose mérite bien qu`on y pense. Il s’agit maintenant de trouver quelqu`un qui se charge de l`oraison funèbre du mort[2] ; on prétend qu’il n`y a que deux petites bagatelles qui rendent cet ouvrage difficile, c`est la vie et la mort.

On vous aura sans doute envoyé les articles de la capitulation de Namur[3] ; vous aurez vu qu’on fait la guerre fort joliment et qu’on se tue avec beaucoup d`honnêteté. Nous bombardons Bruxelles à l`heure qu’il est[4] ; les chan-

    L’abbaye de Jumièges qui en vaut plus de vingt mille ; il avoit la nomination du Roi au cardinalat ; il étoit un des anciens chevaliers de l’ordre ; il étoit proviseur de Sorbonne et un des quarante de l’Académie françoise. » — Sur l’archevêque et sur Mme de Lesdiguières, dont il est question deux lignes plus loin, voyez ci-dessus, p. 160, note 10.

  1. 2. Fénelon, qui avait été sacré le 10 juillet dans la chapelle de Saint-Cyr, par Bossuet, assisté des évêques de Châlons et d’Amiens. Voyez la Gazette du 16 juillet.
  2. 3. Ce fut le P. Gaillard qui s’en chargea. Voyez la lettre du 16 septembre suivant, p. 3I2.
  3. 4. La capitulation fut réglée pour la ville le 4 août, et pour la citadelle le 2 septembre, voyez la Gazette du 13 août, et celle du 10 septembre.
  4. 5, « Villeroi, dit M. Henri Martin (tome XIV, p. 208), essaya une diversion : il poussa Vaudemont jusque sous Bruxelles, et, du 13 au 15 août, il fit pleuvoir sur cette grande cité force bombes et boulets rouges. Bruxelles eut le sort de Gênes : près de quatre mille maisons s’effondrèrent dans les flammes ; il y eut, dit—on, pour plus de vingt millions de dégâts. Ces cruelles représailles du bombardement de Dieppe ne sauvèrent pas Namur. » — Voyez le Journal de Dangeau, aux 11, 15 et 18 août, et la Gazette du 20.