1691
la défaite des fontanges à plate couture : plus de coiffures élevées jusques aux nues, plus de casques, plus de rayons, plus de bourgognes, plus de jardinières ; les princesses ont paru de trois quartiers[1] moins hautes qu’à l’ordinaire ; on fait usage de ses cheveux, comme on faisoit il y a dix ans. Ce changement[2] a fait un bruit et un désordre à Versailles qu’on ne sauroit vous représenter. Chacun raisonnoit à fond sur cette matière, et c’étoit l’affaire de tout le monde. On nous assure que M. de Langlée[3] a fait un traité sur ce changement pour envoyer dans les provinces : dès que nous l’aurons, Monsieur, nous ne manquerons pas de vous l’envoyer ; et cependant je baise très-humblement les mains de Votre Excellence.
Vous aurez la bonté d’excuser si ce que j’ajoute ici n’est pas écrit d’une main aussi ferme qu’auparavant : ma lettre étoit cachetée, et je l’ouvre pour vous dire que nous sortons de table, où avec trois Bretons de votre connaissance, MM. du Cambout, de Trévigni, et du Guesclin[4], nous avons bu à votre santé en vin blanc, le plus excellent et le plus frais qu’on puisse boire ; Mme de Grignan a commencé, les autres ont suivi, la Bretagne a fait son devoir : « À la santé de Monsieur l’ambassadeur ; à la santé de Mme la duchesse de Chaulnes. — Tope à notre cher gouverneur ; tope à la grande gouvernante. — Monsieur, je vous la porte ; Madame, je vous fais raison. » Enfin, tant a été procédé, que nous l’avons portée à M. de Coulanges ; c’est à lui de répondre.