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1695 la situation, le bâtiment comme celui de Marly, que je n’ai jamais vu, la bonne compagnie, tout cela me persuade que cette maison doit être du rang des vôtres. Pour Choisy, il est fait exprès pour vous ; vos couplets instruisent fort bien les passants de la noblesse de son origine et de sa destinée ; mais vous méritez d’être exalté jusqu’aux nues pour le couplet où vous vous humiliez jusques au pied du mont avec le cocher de Verthamont[1] ; tout homme qui veut bien se mettre dans ce limon jusques au cou, et qui croasse de si jolis couplets, mérite la place que lui donne M. Tambonneau[2]. Le couplet est au rang des meilleurs que vous ayez jamais faits ; c’est cette Comtesse dont vous demandez toujours l’approbation, qui vous conjure de l’en croire, il est joli, il surprend : enfin, mon enfant, croassez toujours, et faites-nous-en part.

Mais, mon Dieu, que de sang répandu à Namur ! que de pleurs ! que de veuves et de mères affligées ! et l’on est assez barbare pour trouver que ce n’est point encore assez, et l’on voudroit que le maréchal de Villeroi eût encore battu, tué et massacré ce pauvre M. de Vaudemont[3] ! quelle rage ! Je suis en peine de votre neveu de

  1. 3. Cocher fameux, qui faisoit toutes les chansons du pont Neuf à Paris. (Note de Caulanges.) Cette note se trouve au folio 50 du manuscrit autographe des Chansons de Coulanges, qui dit dans un de ses couplets :

    Près du cocher de Verthamont
    Je me contente d’une place.

  2. 4, Voyez tome II, p. 536, note 5.
  3. 5. « Villeroi, dit M. Henri Martin (tome XIV, p. 208), n’attaqua pas Vaudemont, qui s’était couvert de la rivière de Senne et qu’une partie de l’armée de Guillaume était venue joindre ; il marcha vers le camp des alliés après avoir reçu de puissants renforts tirés de l’armée d’Allemagne et des garnisons du Nord. Deux masses de cent mille combattants chacune se trouvèrent ainsi en présence ; mais