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manière d’apoplexie ; on l’a saigné quatre fois ; sa bouche est demeurée un peu tournée ; il doit partir incessamment pour Bourbon. Voilà une épigramme que l’on a faite sur son mal :

Ne le saignez pas tant, l’émétique est meilleur
Purgez, purgez, purgez : le mal est dans l’humeur.

Je crois que je ferois bien de prendre le même chemin que ce magistrat, car mon estomac ne se rétablit point du tout : au reste, ma très-belle, j’ai consulté si l’on pouvoit prendre du café deux heures après la germandrèe ; on en peut prendre en toute sûreté, et même ils s’accordent fort bien ensemble. Adieu, ma très-aimable : je ne vous en dirai pas davantage pour aujourd’hui ; je vous supplie seulement de faire mes compliments à tutti quanti, et surtout de vous faire la violence d’embrasser pour moi bien tendrement la charmante Pauline. Ma sœur vous rend mille grâces de l’honneur de votre souvenir, elle en a été fort touchée ; elle est à Versailles pour quelques jours.


1695

1425. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À COULANGES.

À Grignan, le 6e août[1].

Je ne vous écrirai qu’une très petite méchante lettre, mon aimable, pour vous remercier de la vôtre, qui nous a fait un très-grand plaisir. Je ne changerai point d’avis sur l’estime que j’ai pour les détails, tant que vous me ferez lire les vôtres. Nous sommes charmés de Navarre[2] :

  1. Lettre 1425. — 1. Le jour même où Mme de Sévigné écrivait cette lettre, Coulanges adressait ses adieux à la terre de Saint-Martin dans trois couplets intitulés : Adieux faits à Saint-Martin le 6 août 1695 ; ces couplets se trouvent au manuscrit autographe, folio 99.
  2. 2. Voyez la lettre du 8 juillet précédent, p. 297, note 10.