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1695 consolation, jusqu’au P. Bourdaloue. On ne sait point de nouvelles du comte d’Albert[1], sinon qu’on le croit trépané et depuis cela pas un mot ; M. et Mme de Chaulnes en sont dans une extrême inquiétude[2]. Vous savez que M. le prince de Conti a la petite vérole ; elle est sortie avec abondance, et commence à suppurer sans aucun accident ; ainsi on espère qu’il s’en tirera heureusement. On fait des détachements de tous côtés pour envoyer au secours de Namur ; Sanzei est dans la place, et il n’y a que sa mère qui soit plus à plaindre que lui. Mme la duchesse du Lude, qui est de retour de Versailles, m’a conté qu°elle avoit mené ma petite nièce de la Chaisel[3] dîner à Trianon avec le Roi ; Sa Majesté et Monsieur ne parlèrent que de l’agrément de cette petite personne, et de son peu d’embarras ; pour moi, je crois qu’elle confesseroit[4] fort bien le Roi. Monsieur le premier président[5] a eu une

  1. 5. Louis-Joseph d’Albert, prince de Grimberghen et du Saint-Empire, fils de Louis-Charles d’Albert duc de Luynes et de sa seconde femme Anne de Rohan, connu dans sa jeunesse sous le nom de chevalier, et depuis sous celui de comte d’Albert, était né le 1er avril 1672. Il était colonel des dragons du Dauphin au siége de Namur ; il se rétablit de sa blessure sans être trépané. Cassé en 1700 pour duel et désobéissance (voyez Saint—Simon, tome II, p. 424), il s’attacha en 1703 à l’électeur de Bavière, qui, devenu empereur, le créa en 1742 prince du saint-empire romain. Il épousa Madeleine-Marie-Honorine-Charlotte, princesse de Berghes, chanoinesse de Mons, fille de Philippe-Francois, prince de Berghes. — Pour entrer dans Namur, il s’était déguisé en batelier, avait traversé le camp des assiégeants, et passé la Meuse à la nage, tenant son épée entre ses dents. Voyez le Journal de Dangeau, aux 13 et 29 juillet 1695.
  2. 6. Le duc de Chaulnes était oncle à la mode de Bretagne du comte d’Albert.
  3. 7. N... du Gué, marquise de la Chaise : voyez ci-dessus, p. 289, fin de la note 3.
  4. 8. Allusion au P. de la Chaise, confesseur du Roi. (Note de l’édition de 175I.)
  5. 9. De Harlay.