Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1695 nauld, ni du P. Quesnel : toutes les pensées sont tournées du côté de Namur[1]. Ces derniers tués ont jeté une consternation qui ne laisse plus de joie ici. Mme de Morstein[2] est inconsolable ; la bonne chancelière pleure amèrement son petit-fils de Vieuxbourg[3] et Mme de Maulevrier[4] renvoie bien loin tous les gens qui veulent lui parler de

  1. Lettre 1424. — 1. Le 18 juillet, à six heures du soir, les ennemis ayant attaqué un des retranchements de Namur, les assiégés firent une sortie, et il y eut un combat rude et sanglant, qui dura depuis sept heures jusqu’à dix. « Les alliés emportèrent deux fois le retranchement, et les troupes du Roi les en chassèrent autant de fois avec un grand carnage. Enfin ils l’abandonnèrent, et les ennemis en demeurèrent les maîtres... Nous y avons perdu le comte de Maulevrier-Colbert et le marquis de Vieuxbourg ; et il y a eu sept à huit cents soldats tués ou blessés. (Gazette du 30 juillet.)
  2. 2, Marie-Thérèse d’Albert de Luynes, née en 1673, avait épousé le 2 avril 1693 Michel-Albert comte de Morstein et de Châteauvillain, colonel du régiment de Hainaut, tué à Namur le 18 juillet 1695, dans un engagement antérieur à celui dont parle la note 1. Elle se remaria en 1698 avec Ismidon-René, comte de Sassenage. Morstein, dit Saint-Simon (tome I, p. 278), «  étoit fils du grand trésorier de Pologne qui avoit été autrefois ambassadeur ici. Il s’étoit fort enrichi et avoit excité l’envie de ses compatriotes. La peur qu’il eut d’être poussé le fit rentrer en France avec sa femme, ce fils unique et quantité de richesses. Elles séduisirent le duc de Chevreuse, qui n’avoit rien à donner à ses filles ; il en donna une au jeune Morstein, dont le monde fut assez surpris. Par l’événement il avoit bien fait : ce jeune homme, s’il eût vécu, eût été un grand sujet en tous genres. »
  3. 3. Voyez plus haut la note 1. — Louis de Vielbourg (ou Vieuxbourg), marquis de Mienue, comte de Thou, lieutenant général des provinces du Nivernois et Donziois, colonel du régiment de Beauvoisis, tué dans une sortie au siége de Namur, le 18 juillet, avait épousé le 6 mai 1693 Louise-Françoise, fille de Nicolas-Auguste de Harlay et d’Anne-Françoise-Louise-Marie Boucherat, petite-fille du chancelier Boucherat et de sa seconde femme Anne-Françoise de Loménie. Mme de Vieuxbourg mourut à Paris le 20 février 1735.
  4. 4. Voyez plus haut la note 1. — Jean-Baptiste Colbert, comte de Maulevrier, colonel du régiment de Navarre, fils aîné du lieutenant général comte de Maulevrier et neveu du grand Colbert. Sa mère, Marie-Madeleine de Bautru, mourut le 10 mars 1700.