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que ce n’étoit pas moi qui la demandois, et que dans le fait dont il s’agissoit je me consolerois de n’en point avoir, puisque j’étois le maître d’empêcher que M. de Morveaux ne mît à exécution tout ce qu’il prétendoit. J’ai cru, Monsieur devoir vous rendre compte de cette conversation ; vous jugerez s’il est à propos de solliciter les ministres pour redresser les idées de M. de Morveaux, et pour le faire consentir à me reconnoître pour officier général. Ayez la bonté de considérer tous les inconvénients qui peuvent arriver. Je suis très-résolu à conserver la charge dont le Roi m’a honoré sans souffrir qu’il lui soit donné[1] aucune atteinte. Il y a des heures dans le jour où M. de Morveaux prend des conseils fort extraordinaires. Enfin nous sommes une vive représentation de ce que Lucain dit de César et de Pompée :

Nec quemquam jam ferre potest, Cœsarve priorem
Pompeiusve parem
[2].

Il est vrai que dans cette comparaison je suis Pompée ; mais j’espère que M. de Morveaux ne me battra pas et qu’on ne lui présentera pas ma tête. Je suis toujours très-parfaitement et du meilleur de mon cœur, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur,

Sévigné.

1695

1424. — DE MADAME DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Il n’est plus question, ma chère amie, ni de M. Ar-

À Paris le 29e juillet.

Il n’est plus question, ma chère amie, ni de M. Ar-

  1. 2. Dans l’autographe : « sans souffrir qui lui soit donné. »
  2. 3. Voyez la Pharsale, livre I, vers 125 et 126. Brébeuf traduit ainsi ce passage :

    L’un ne veut point d’égal, et l’autre point de maître.