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1695 charme de M. de Bouillon, de Mlle de Bouillon et de Navarre[1] que de tous ses anciens amis ; il partit hier pour Choisy, où il sera jusqu’à ce que notre voyage de Saint-Martin s’accomplisse ; je ne me sens pour ces sortes de parties que la force du projet ; l’exécution est fort au-dessus de moi. Ma sœur monte dimanche sur l’Hippogriffe, et arrive lundi à Paris. M. de Bagnols[2]ne perd pas de vue le maréchal de Villeroi, cela me fait craindre pour sa vie. Monsieur de Reims a acheté la maison d’Erval[3] deux cent vingt et une mille livres. Adieu, ma très-aimable : n’oubliez pas de m’aimer, je vous en conjure, et ne me laissez point oublier dans le lieu que vous habitez ; mandez-moi si la charmante Pauline aura été bien contente du portrait mystérieux que vous lui avez donné. Mme de Caylus me vint voir hier, plus jolie qu’un ange ; elle me demanda en grâce de venir voir l’arrangement de sa maison ; j’aurai plus de peine à rendre cette visite que je n’en montrerai ; ce que je sens là-dessus ne peut être confié qu’à vous, ma chère amie.

  1. 10. Navarre était une grande et belle maison de campagne appartenant aux Bouillon, située à une demi-lieue sud-ouest d’Évreux, sur la rive droite de l’Iton. Elle avait pris son nom du château « que fit bâtir Jeanne de France, fille de Louis le Hutin et femme de Philippe d’Évreux, héritier du royaume de Navarre. Cet ancien château ne subsiste plus. Vers l’an 1686, Godefroi—Maurice duc de Bouillon fit jeter les fondements de celui qu’on voit aujourd’hui, qui est situé à cent pas de l’ancien, et qui a été élevé sur les dessins de Jules Hardouin Mansart. (Dictionnaire géographique, etc., des Gaules, par l’abbé Expilly, 1766.)
  2. 11. Intendant de l’armée de Flandre. (Note de l’édition de 1751.) — Voyez ci-dessus, p. 290, note 5.
  3. 12. Le Journal de Dangeau dit au 3 juillet : « Monsieur l’archevêque de Reims a acheté la maison de M. d’Orval, à Paris ; il en donne deux cent vingt mille livres. M. de Louvois avoit voulu autrefois acheter cette maison, et en avoit offert quatre cent mille livres. — Sur M. d’Orval, voyez tome VI, p. 166, note 36.