Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/301

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1695 empêcher. On est fort alerte ici sur le grand événement du siège de Namur[1], car c’est tout de bon, et apparemment ce siège sera meurtrier, vous savez que le maréchal de Boufflers s’est jeté dedans avec six régiments de dragons à pied, et celui du Roi à cheval : ainsi le pauvre Sanzei est dans Namur tout comme un grand homme. M. le maréchal de Bouffllers a la fièvre double-tierce, mais il aura bien d’autres affaires qu’à l’écouter. Le maréchal de Lorges est hors de danger[2]. Tout retentit ici des louanges du maréchal de Villeroi :[3] : il n’y a guère de jours que le Roi n’en parle avec éloge, et tous les guerriers qui composent son armée n’écrivent ici que pour chanter ses louanges. Je crois qu’à la fin M. le duc de Chaulnes va acheter Puteaux, qui est une maison près du pont de Neuilly, située sur le bord de la rivière ; il y a de quoi faire des merveilles, et il les fera, car il a une extrême envie d’une maison de campagne[4]. Le Roi va à

  1. 2. Namur était investi depuis le 1er juillet, et défendu par treize ou quatorze mille hommes, que commandait Boufflers, contre une armée ennemie de plus de quatre—vingt mille hommes. Boufflers était entré sans obstacle dans Namur le 2 juillet sur les six heures du soir, avec sept régiments de dragons, dit la Gazette du 16. Le 4 août la ville capitula, et le château fut rendu le 6 septembre. La garnison était réduite de treize mille hommes à moins de cinq mille.
  2. 3. On lit dans la Gazette du 6 juillet, en date de Philisbourg, le 8 juillet : « Le maréchal duc de Lorges, se trouvant entièrement délivré de la fièvre, fut le 5 de ce mois transporté en cette ville. Il partit le 6 pour aller à Landau, où il demeurera jusqu’à ce que sa santé soit parfaitement rétablie. » C’était le maréchal de Joyeuse qui commandait l’armée à sa place.
  3. 4. Le maréchal de Villeroi venait de passer l’Escaut, pour faire subsister l’armée dans le pays ennemi. Voyez la Gazette du 9 juillet.
  4. 5. On lit dans le Journal de Dangeau, au 23 septembre 1695 : « M. de Chaulnes a acheté à vie Dampierre, qui est à M. de Chevreuse ; il lui en donne cinq mille francs par an, qui est à peu près ce que valoit le parc dont M. de Chevreuse lui laisse la jouissance, par là M. de Chevreuse profitera de la dépense que M. de Chaulnes