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grande envie d’avoir encore une fois l’honneur et le plaisir de vous revoir dans ce château, que ma fille ne comprend pas qu’ayant de la santé, vous n’ayez point eu la pensée de nous venir voir, et que même vous ne puissiez venir encore cette automne. J’ai beau lui représenter que nous n’en sommes pas là, et que sans moi vous seriez encore dans votre léthargie : il n’importe, elle veut que je hasarde de vous en faire la proposition. En vérité, si vous jugiez du plaisir que vous nous feriez par celui que nous a donné votre lettre, je crois en conscience que vous ne pourriez pas nous résister. Je vais parler de vous, Monsieur, à notre ami : il me répondra ; je serai obligée de vous faire savoir sa réponse ; peut-être qu’il se trouvera encore quelque autre occasion de vous dire un mot ; enfin je n’oublierai ni raison, ni prétexte pour vous faire dire encore quelques mots, et pour vous dire encore, Monsieur, que jamais votre mérite et votre esprit n’ont fait de plus profondes traces dans aucun cerveau, que dans celui de vos très-humbles servantes.


1422. — DE MADÀME DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.

À Paris, le 8e juillet.

Je puis répondre pour M. de Tréville qu’il auroit été ravi que vous eussiez augmenté la bonne compagnie qui l’entendit[1] ; et je suis assurée, ma chère amie, que vous auriez été contente de votre journée ; mais vous nous regardez du haut en bas de votre château de Grignan, et je m’amuse à vous desirer toujours sans m’en pouvoir

  1. Lettre 1422 — 1. Voyez cî-dessus, p. 289.