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1695 résolu à ne me regarder ici que comme un particulier, je suis bien résolu aussi de me faire reconnoître pour quelque chose de plus, en observant toute la sagesse et la modération qu’on doit avoir quand on a l’l’honneur de représenter la personne du Roi. J’envoie à M. le duc de Chaulnes un mémoire des raisons de M. de Morveaux et des miennes, avec les exemples sur lesquels je suis fondé. Quelque liaison qu’il y ait entre vous et M. de Morveaux, vous en avez encore davantage avec la justice et la raison, et je me flatte, non-seulement que vous approuverez ma conduite, mais que vous me continuerez l’honneur de vos bonnes grâces : je vous en demande, Monsieur, la continuation, et vous supplie de me croire très-sincèrement et avec respect votre très-humble et très—obéissant serviteur,

Sévigné.

Remarquez, Monsieur, s’il vous plaît, que la difficulté consiste uniquement en ce que je prétends que les gardes de M. de Molac ne peuvent être mis en fonction sans ma permission[1].

  1. 4. Nous croyons devoir placer ici en note une lettre inédite, sans signature et sans date d’année, adressée à Lamoignon (probablement en 1694 ou en 1695) par une sœur de Morveaux, et se rapportant, comme cette lettre de Sévigné et celle du 9 juillet (voyez ci-après, p. 298), aux difficultés qui s’étaient élevées entre le nouveau lieutenant de Roi et le lieutenant du marquis de Molac.
    Le 5e avril.

    J’ai appris, Monsieur, que Mme de Morveaux étoit à Paris. Trouvez bon que je vous recommande ses intérêts comme les miens propres : elle a bien des affaires à faire régler avec M. de Sévigné. Je crois que le meilleur parti qu’elle pût prendre, ce seroit de lui vendre la charge de mon frère, car il est impossible qu’il ne lui arrive pas tous les jours des affaires : il est très—incommodé, à ce que j’apprends, et hors d’état de la pouvoir faire. Je n’ose pas lui proposer, car elle