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1695 afin d’avoir l’air de partager ses faveurs. Une autre grande nouvelle : les princesses ont mené dîner et souper à Trianon avec le Roi, la comtesse de la Chaise, les marquises de la Chaise et de la Luzerne[1] ; je crois que cette distinction les a fort touchées, car jusqu’alors elles n’en avoient eu qu’au salut. M. de Coulanges arriva avant-hier de Saint-Martin ; il fut tout de suite à Choisy, le lendemain à Versailles, et part enfin aujourd’hui pour Évreux avec M. de Bouillon ; je lui propose de ne plus tant perdre de temps en chemin, et de se mettre tout d’un coup dans une escarpolette, qui le jettera tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, afin de ne pas mettre au moins les pieds à terre.

J’attends aujourd’hui une compagnie qui ne vous déplairoit pas, ma très-belle : c’est M. de Tréville, qui vient lire à deux ou trois personnes un ouvrage qu’il a composé ; c’est un précis des Pères, qu’on dit être la plus belle chose qui ait jamais été. Cet ouvrage ne verra jamais le jour, et ne sera lu que cette fois seulement de tout ce qui sera chez moi ; je suis la seule indigne de l’entendre ; c’est un secret que je vous confie au moins.

…N’abusez pas, prince, de mon secret :

  1. 3. Catherine d’Aix, fille de François comte de la Chaise, frère cadet du P. de la Chaise, capitaine des gardes de la porte du Roi (depuis 1687), avait épousé en décembre 1691 François de Briqueville, marquis de la Luzerne, maréchal de camp, lieutenant de Roi de Normandie, lequel, étant devenu veuf, se remaria en mai 1717 à la marquise de la Varenne, fille du maréchal de Tessé. Le titre de marquis de la Luzerne avait été apporté à la maison de Briqueville, au seizième siècle, par une fille héritière de la branche aînée de la Luzerne. — La marquise de la Chaise, était une fille du président du Gué, de Paris, nièce (peut-être seulement à la mode de Bretagne : voyez ci-après, p. 301) de Mme de Coulanges ; elle avait épousé en novembre 1693 le marquis fis du comte de la Chaise, colonel d’infanterie (Dangeau au 26 Novembre 1693) et, à la mort de son père, en août 1697, capitaine des gardes de la porte.