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De voir sa belle-fille
D’un rejeton aussi parfait
Augmenter sa famille !
Mais tout ceci n’est que chanson
Et que pure chimère ;
Nous ne voyons rien tout de bon,
Et je m’en désespère.

Eh bien ! qu’en dites-vous ? voilà la plaisanterie finie par ces couplets ; au moins je vous le répète encore. J’ai retrouvé ici Mme de Coulanges avec une fort jolie santé ; elle est même engraissée, ce qui est un très-bon signe : je ne vous dirai pas beaucoup de nouvelles publiques, car je n’en sais point. La maréchale de Créquy a pensé mourir ; mais elle est hors d’affaire. Adieu, Mesdames ; adieu, mère et fille adorables ; adieu, belle Pauline. Je suis ravi, comme vous pouvez croire, que M. de Grignan ait été traité avec toutes les distinctions qu’il mérite : mais seroit-il vrai que la flotte ennemie fût devant Marseille avec quelque intention de la bombarder[1] ? Quelle éternelle et malheureuse guerre ! Les poëtes satiriques ne finissent point ici sur les chansons et sur les épigrammes ; mais je ne me charge de rien de tout cela ; je me flatte au moins qu’il vous en vient quelque chose par des voies détournées. Adieu encore une fois. Voici la deuxième lettre que je vous écris depuis celle que j’ai reçue de vous.

  1. 5. On lit dans le journal de Dangeau, au 12 juin 1695 : « Il y a des lettres de Marseille qui portent que l’on croit voir la flotte ennemie forte de plus de cent voiles ; cependant on écrit cela fort incertainement, parce que le temps est fort obscur, et que par ce temps-là on prend souvent des nuages pour des voiles.  »