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M. de Chaulnes s’en alla à Paris, et moi je me mis à faire ces couplets, que je lui envoyai le lendemain ; c’est encore sur l’air de Joconde :

La belle d’Albret pour certain
Dans deux jours se marie ;
Tout se prépare à Saint-Martin
Pour la cérémonie.
Elle épouse un joli garçon
Fait comme une peinture ;
Le voyez-vous ? vous dites non :
Ni moi, je vous le jure.
Il est fils d’un fort grand seigneur,
Homme de conséquence ;
Trois fois à Rome ambassadeur,
Et duc et pair de France.
Son épouse dans Trianon
Fera bonne figure ;
La voyez-vous ? vous dites non :
Ni moi, je vous le jure.
Le petit comte de Nicé,
Qui bien loin d’être bête,
Pour son âge est fort avancé,
Doit venir à la fête.
Il y brillera, ce dit-on,
D’une riche parure ;
Le voyez-vous ? vous dites non.
Ni moi, je vous le jure.
On dit que déjà dans un an
La nouvelle duchesse
Pourra nous donner un enfant
Digne de sa noblesse.
Qu’il sera joli, ce poupon !
L’aimable créature !
Le verrez-vous ? je crois que non :
Ni moi, je vous le jure.
Que Chaulnes sera satisfait