Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/288

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1695 comme vous, mon amie, le temps de la mort de notre pauvre Mme de la Fayette[1]. Mme de Caylus se divertit à merveilles chez elle : la cour ne lui paroît pas un séjour de plaisir[2] ; elle ne quitte plus Mme de Leuville, qui donne tous les jours les plus jolis soupers qu’il est possible. Je ne crois pas le marché de Ménilmontant rompu sans ressource[3] ; et n’en déplaise à Mme de Chaulnes, c’est la plus jolie acquisition que puisse faire M. de Chaulnes. La maréchale d’Humières se retire aux Carmélites : elle a loué la maison de feu Mlle de Portes[4] ; elle gouverne entièrement le faubourg Saint-Jacques ; et ce qui est de plus étonnant, c’est que le P. de la Tour[5]la gouverne. Vous savez que M. de Lauzun a l’appartement de Versailles du maréchal d’Humières ; il fait faire pour sa femme un collier de diamants de deux cent mille francs. Adieu, ma chère amie : je souhaite bien plus votre retour que je ne l’espère ; je vous prie de dire des choses infinies de ma part à Mme de Grignan ; priez la belle Pau-

  1. 3. Mme de la Fayette était morte deux ans auparavant, à la fin de mai. Voyez ci-dessus, p. 107, note 1.
  2. 4. Voyez tome VIII, p. 437, note 9. — Mme de Caylus avait été obligée de se retirer de la cour en 1693, pour s’être permis des plaisanteries assez vives sur la dévotion de Mme de Montchevreuil. Elle ne revint à la cour qu’en 1707. Voyez les Souvenirs de Mme de Caylus, tome LXVI, p.  2. — Sur Mme de Leuville, voyez tome II, p. 416, note 8, et tome III, p. 288, note 4.
  3. 5. Voyez la lettre du 10 juin précédent, p. 276.
  4. 6. Fille du marquis de Portes-Budos, vice-amiral et chevalier de l’ordre, tué au siège de Privas. Sa mère, sœur du duc d’Uzès, restée veuve avec deux filles, se remaria « au marquis de Saint-Simon, chevalier de l’ordre, frère aîné du duc de Saint-Simon, qui épousa la seconde fille de sa belle-sœur. Sa beauté et sa douceur la lui firent préférer à l’aînée (Mlle de Perles), qui, laide et méchante, ne lui pardonna jamais, et lui fit toute sa vie du pis qu’elle put. » (Saint-Simon, addition au Journal de Dangeau, tome IV, p. 357.) Mlle de Portes était morte le 11 septembre 1693.
  5. 7. Voyez tome VIII, p. 559, note 39, et ci-dessus, p. 240.