Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


rassemble ; je voulois vous en dire un de ce pays-ci ; mais il ne paroîtroit pas : je vous le garde pour quand nous aurons oublié celui dont il s’agit, c’est-à-dire jamais.

Oui, mon enfant, je suis dans cette chambre, dans ce beau cabinet, où vous m’avez_vue entourée de toutes ces belles vues. M. de Grignan est allé faire un tour vers ces côtes ; son absence se fait sentir dans ce château ; nous pensions y avoir Monsieur de Carcassonne, il n’arrivera que dans deux ou trois jours. Si vous écriviez un petit mot à Monsieur l’archevêque d’Arles sur sa résurrection, d’un style d’alleluia, il me semble que vous lui feriez plaisir : il est fort sensible à la joie d’être revenu de si loin, il ne s’étoit jamais trouvé à telle fête. Vous êtes fort aimé de tous les habitants de ce château ; vous savez la vie qu’on y fait, quelle bonne chère, quelle société, quelle liberté ; les jours passent trop vite : c’est ce qui me tue de toutes les manières. Si vous allez à Vichy, vous ne sauriez vous dispenser de venir à Grignan. Je suis tentée de vous prier de faire mille très-humbles compliments à Mme la maréchale de Villeroi ; vous êtes trop heureux d’être si souvent avec cette aimable personne. Pauline trouve que vous l’êtes beaucoup aussi de voir encore Madame sa belle-fille ; elle a reçu sa lettre avec beaucoup de plaisir ; elle vous conjure de la conserver dans l’amitié de cette duchesse, dans la vôtre, et dans celle de Mme de Coulanges.


1417. — DE MADAME DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.

À Paris, le 20e juin.

Vous jouissez présentement des beautés de la campagne, ma très-belle, le printemps paroît dans tout son triomphe. Je m’en vais faire un grand excès, car je