Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1695 souhaitâmes-nous à Saint-Martin ! Nous vous fîmes même placer au fond d’une superbe calèche, pour vous en faire voir plus commodément les promenades et toutes les beautés ; mais hélas ! on avoit beau demander : « Les voyez-vous ? » on disoit : « Non ; » et nous répondions tristement : « Ni nous non plus. » Nous vous donnâmes aussi un très-bon souper ; et ce fut dans l’enthousiasme du veau, du bœuf et du mouton, qui se trouvèrent au suprême degré de bonté, que je fis en soupant ce triolet, qui me parut avoir votre approbation[1] :

Quel veau ! quel bœuf ! et quel mouton !
La bonne et tendre compagnie !
Chantons à jamais sur ce ton :
Quel veau ! quel bœuf ! et quel mouton !
Rôti, soyez exquis et blond[2],
Mais mon appétit vous oublie :
Quel veau ! quel bœuf ! et quel mouton !
La bonne et tendre compagnie

Non, Mesdames, il n’y a point de vie pareille à celle qu’on mène à Saint-Martin ; et il faudra bien qu’on vous y voie quelque jour réellement et de fait ; je m’y en retourne demain, pour être dimanche à l’arrivée de notre duc et de notre duchesse de Chaulnes, qui y amènent Mme de Coulanges et l’abbé Têtu. Il y a un temps infini que le Cardinal demande Mme de Coulanges ; et il y a un temps infini que je désire aussi que Mme de Coulanges voie Saint-Martin, et qu’elle me voie à Saint-Martin ; car elle m’y trouvera les coudées bien franches,

  1. 2. Ce couplet se lit au manuscrit autographe des Chansons de Coulanges, il y est intitulé : Triolet impromptu fait à table à Saint-Martin.
  2. 3. Dans le manuscrit des Chansons :

    Rôti, vous pouvez être blond.