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qu’il faut de grandes raisons pour quitter son lit ; c’est la mauvaise santé qui fait penser ainsi ; il faut bien le croire ; la mienne est cependant meilleure qu’elle n’a été. Je ne suis point contente de celle de Mme de Chaulnes ; elle a un vilain rhume que je n’aime point. Je crois le marché de Ménilmontant absolument rompu[1], d’autant que, selon toutes les apparences, le premier président ne le veut plus vendre. Adieu, ma très-aimable : ne me laissez point oublier à Grignan, je vous en prie, et dites à la belle Pauline de songer quelquefois à ce que je suis pour elle.


1414. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU PRÉSIDENT DE MOULCEAU.

À Grignan, le 5e juin.

J’ai dessein, Monsieur, de vous faire un procès : voici comme je m’y prends. Je veux que vous le jugiez vous-même. Il y a plus d’un an que je suis ici avec ma fille, pour qui je n’ai pas changé de goût. Depuis ce temps vous avez entendu parler, sans doute, du mariage du marquis de Grignan avec Mlle de Saint-Amant. Vous l’avez vue assez souvent à Montpellier pour connoître sa personne ; vous avez aussi entendu parler des grands biens de Monsieur son père ; vous n’avez point ignoré que ce mariage s’est fait avec un assez grand bruit dans ce château que vous connoissez. Je suppose que vous n’avez point oublié ce temps où commença la véritable es-

  1. 3. Voyez également la lettre de Coulanges du 10 juin, p. 276. — Ménilmontant, entre Belleville et Charonne, était en ce temps-là assez loin de Paris. En 1766, il en était encore à une lieue et demie. Il y avait de belles maisons de campagne. Voyez le Dictionnaire géographique, etc., des Gaules, par l’abbé Expilly, 1766.