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1695 Je vous écris imprudemment, sans songer que vous n’êtes plus à Chaulnes, et que dans un autre pays il ne sera plus question de tout ceci. Il faut finir par Pauline : elle chante vos louanges en chantant vos couplets ; elle vous aime toujours, et vous prie de faire tous ses remerciements à Mme la duchesse de Vîlleroi ; on ne peut oublier une si jolie amie. Adieu, mon cousin : vous savez combien je suis à vous.


de madame de grignan.

Tous vos enfants sont charmants ; ceux que l’on voit l’emportent sur ceux qu’on ne voit point, et quelque parfait que puisse être le comte de Nicei, dont vous me paroissez faire votre Benjamin, nous ne saurions croire qu’il soit préférable à ces jolis enfants que vous nous envoyez et que nous chantons avec tant de plaisir. Je ne crois pas qu’il y ait rien de pareil dans tous vos ouvrages à la folie de mettre en œuvre : « Le voyez-vous ? — Non. — Ni moi non plus. » Comme l’original de ce conte est provençal, vous me devez un tribut de tout ce que vous composerez sur ce modèle, dont les copies le surpassent de bien loin. Je vois avec plaisir dans vos lettres à ma mère le souvenir qui vous reste de notre rocher ; les épithètes dont vous l’honorez[1] sont des monuments éternels à la gloire des Adhémars ; si leur château mérite dans votre esprit un rang entre tout ce que vous voyez de châteaux magnifiques, superbes et singuliers, rien ne sauroit être pour lui un si grand éloge. Il est plus beau que vous ne l’avez vu ; et si on avoit l’espérance de vous y revoir, il n’y auroit plus rien à désirer.

  1. 9. Celle de royal château, etc. (voyez le commencement de la lettre du 9 septembre précédent, ci-dessus, p. 191, _et celle du 29 octobre, p. 203).