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duite ; je l’ai suivie et sentie avec l’intérêt et l’attention d’une personne qui les aime et qui les honore du fond du cœur. J’ai mandé à notre duchesse comme M. de Grignan est à Marseille et dans cette province sans aucune sorte de dégoût ; au contraire, il paroît par les ordres du maréchal de Tourville qu’on l’a ménagé en tout : ce maréchal lui demandera des troupes quand il en aura besoin, et M. de Grignan, comme lieutenant général des armées[1], commandera les troupes de la marine sous ce maréchal ; voilà de quoi il est question en ce monde ; on veut agir, quoi qu’il en coûte. Je plains bien mon fils de n’avoir plus la douceur de faire sa cour à nos anciens gouverneurs ; il sent cette perte comme il le doit. Je suis en peine de Mme de Coulanges, je m’en vais lui écrire. Recevez les amitiés de tout ce qui est ici, et venez que je vous baise des deux côtés.


1695

1411. — DE MADAME DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.

À Paris, le 13e mai.

Je me porte beaucoup mieux ; Helvétius ne m’a donné que d’un extrait d’absinthe, qui m’a rétabli, ce me semble, mon estomac. Je vous assure, ma très-belle, que je suis bien éloignée d’avoir de l’indifférence pour ma santé, et que je supporte mes maux fort impatiemment ; ainsi je ne me veux point parer auprès de vous d’un mérite que je n’ai point. Je crois que si j’eusse imaginé de passer à Grignan le temps d’entre les deux saisons des eaux, je les aurois crues nécessaires pour ma santé ; et je pense que si j’y étois une fois arrivée, j’aurois donné la préfé-

  1. 2. Voyez ci-dessus, p. 199 et note 1.