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1695 discourir, et dont on parle selon que l’on est dans les intérêts des uns ou des autres. Je vis hier Mme de Nevers tout le matin, et puis je retournai chez elle le soir : c’est pour vous dire que je ne l’ai point abandonnée ; mais il est constant qu’on la voit avec cela toujours moins qu’une autre, parce que sa vie et celle de son mari sont toujours des vies très-particulières, et même extraordinaires[1]. Adieu, ma très-aimable gouvernante : je m’en vais dîner à l’hôtel de Chaulnes, où cette belle duchesse doit venir après dîner. Je ne suis point content de la santé de Mme de Coulanges ; la voilà dans les remèdes d’Helvétius[2] : Dieu veuille qu’ils fassent mieux que ceux de Saint-Donat et de Carette ! Je n’aime point à la voir courir d’empirique en empirique ; elle me paroît une personne égarée qui cherche le bon chemin et qui ne le peut trouver. Portez—vous toujours bien ma très-belle ; il est constant que je suis plus en repos de vous à Grignan que si vous étiez ici, parce que je sais que vous ne manquez de rien où vous êtes, et que vous y avez tout ce que vous aimez le mieux. Je vois M. de Sévigné tant que je puis[3]il est toujours mon enfant.

L’incendiaire s’appeloit Beauvais, une femme de cham-

    avec lui, du consentement de Mme de Seignelai ; et afin de faire profiter le bien des mineurs, Monsieur l’archevêque de Rouen (Colbert), qui est bien aise que cette maison ne sorte point de la famille, donne quatre-vingt mille francs aux petits Seignelais, moyennant qu’il jouira de la maison sa vie durant, et a rompu par là le marché qu’en avoit fait Monsieur l’archevêque de Reims. » (Journal de Dangeau, au I2 avril 1695.)

  1. 3. Voyez tome IX, p. 606, et Saint-Simon, tome V, p. 390 et 391.
  2. 4. Voyez tome VIII, p. 182, note 7.
  3. 5. Charles de Sévigné était sans doute venu à Paris pour le règlement de difficultés qu’il avait, comme lieutenant de Roi du pays nantais, avec de Morveaux, lieutenant du gouverneur de Nantes. Voyez plus bas, p. 290-292, la lettre du 25 juin.