Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1695 Coulanges a soin de me garder aussi toutes celles que vous lui écrivez, et c’est pour moi une lecture dont je ne me puis lasser.

Vous avez su, et vous avez vu avec une lunette d’approche tout ce qui s’est passé à l’hôtel de Chaulnes ; plus on va en avant, plus tous les zélés serviteurs et amis du duc et de la duchesse trouvent qu’ils sont trop heureux d’être sortis d’intrigue aussi noblement qu’ils ont fait ; enfin les voilà les plus grands seigneurs de France, les mieux en leurs affaires, et avec le plaisir d’entendre chanter leurs louanges de tous les côtés ; car de celui de Bretagne on apprend qu’ils y ont secouru bien des gens à leurs propres dépens, quand on a mis des règles plus étroites aux états pour en arrêter les petites douceurs qui faisoient subsister plusieurs pauvres gentilshommes et pauvres familles. En vérité ce sont de bonnes gens que notre duc et notre duchesse : Dieu les conserve ! mais qu’ils se gardent bien par inquiétude de vouloir aller en Guyenne, car s’ils y vont jamais, ils sont perdus. On trouvera bon qu’ils n’y aillent point, et s’ils y vont une fois, on voudra qu’ils y soient toujours ; et quelle dépense faudra-t-il qu’ils fassent, et quels esprits auront-ils à gouverner !

Il n’y a pas ici de grandes nouvelles. Monsieur l’archevêque de Reims croyoit avoir acheté l’hôtel Colbert ; et M. de Beauvilliers, premier tuteur des enfants, et nanti des consentements de l’archevêque de Rouen et de Mme de Seignelai, croyoit l’avoir vendu ; mais ces derniers ayant changé d’avis, ils ont manqué et à M. de Beauvilliers et à Monsieur de Reims, qui ont eu une conduite sans reproche[1]. Ce sont de ces choses qui font

  1. 2. Monsieur l’archevêque de Reims (le Tellier) avoit fait marché de l’hôtel Colbert à Paris, il en donnoit deux cent vingt mille livres. M. le duc de Chevreuse et M. de Beauvilliers en avoient fait le traité