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1695 plaira à Dieu ; quand je songe que dix ou douze ans de plus ou de moins font la différence de cette affaire-là, je ne trouve pas que cela vaille la peine de la traiter si solidement ; peut-être penserai-je tout d’une autre Façon quand je me trouverai plus proche de la mort ; il faut trancher le mot, ne fût-ce que pour s’y accoutumer.

J’attends de vous un compliment, qui sera bien sincère, sur l’aventure du feu[1] ; cela a paru une occasion digne de m’attirer le monde entier ; mais le monde est bien inutile, je l’ai évité avec assez de soin. Au reste, Mme de Villars[2] m’a fait promettre que je vous dirois des choses infinies de sa part, et surtout que j’apprendrois qu’elle ne pardonnera point a M. de Villars de n’avoir point parlé d’elle à Mme de Grignan ; cela pourroit bien aller à une séparation, si Madame votre fille ne s’y oppose.

Comme j’achève ma lettre, voilà un secrétaire qui m’arrive ; il vous apprendra que je viens de voir M. de Chaulnes, qui m’a conté tout ce qui s’étoit passé entre le Roi et lui ; mais comme en même temps il m’a dit qu’il vous alloit écrire, je ne m’embarquerai point dans un récit que vous saurez encore mieux par lui-même. Il me paroît tout plein de raison ; Madame sa femme m’a envoyé prier qu’elle pût aujourd’hui passer la journée avec moi ; je la plains, puisqu’elle est fâchée : pour moi, qui ne connois point le goût de la représentation, ou pour mieux dire qui ne connois que celui du repos quand on n’est plus jeune, je ne me trouverois pas à plaindre à la place de Mme de Chaulnes. M. de Mesmes[3] épouse Mlle de Brou, à qui on donne trois cent cin-

  1. 2. Voyez la lettre suivante, p. 257, 259 et 260.
  2. 3. La femme d’Orondate sans doute : voyez tome II, p. 52, note 3.
  3. 4. Jean-Antoine de Mesmes, président à mortier au parlement de Paris depuis 1689, épousa le 23 mai suivant Marie-Thérèse Fey-