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1695 battre aux champs. Vous avez su la mort de Mme de Montglas[1] : en revanche, la comtesse de Fiesque se porte mieux que jamais[2] ; elle a été merveilleuse sur ce mariage de Mlle de Bréval, qu’elle a toujours aimée et regardée comme sa fille. Il n’est plus question de l’afffaire du cardinal de Bouillon ; je l’ai fort vu depuis quelque temps, et il me paroît tout aussi tranquille qu’il le peut être. L’hôtel de Chaulnes avec tous ses triomphes ne laisse pas aussi d’avoir quelquefois des chagrins, parce que le duc et la duchesse en veulent avoir : toutes ces troupes sur les côtes et tous ces officiers pour les commander, les embarrassent, lorsqu’ils devroient s’accommoder au temps, passer ici tranquillement leur printemps et leur été entre Chaulnes, Versailles et Paris, et n’aller en Bretagne que pour les états ; mais ils étouffent sans vouloir s’ouvrir à leurs amis, et veulent avancer leurs jours à toute force. Le bon duc s’appesantit fort, et il y a raison pour cela ; mais en ce monde, qui est-ce qui se rend justice ?

Voici insensiblement une assez longue lettre ; elle est au moins sur les feuilles de nos pères, qui ne s’envoleront point comme celles de votre amie. Elle est partie dès le matin, votre amie, pour le sermon du P. Gaillard à Saint-Roch, et de là elle doit aller dîner chez Mme de Valentiné[3]. Adieu, ma très-aimable Madame : aimez--

  1. 15. Elle était morte à Paris, le 18 février précédent. Journal de Dangeau.)
  2. 16. Elle mourut le 16 octobre 1699. « C’étoit, dit Saint-Simon dans une addition au Journal de Dangeau à cette date, la meilleure femme du monde, la plus gaie, la plus rare, et qui morte à plus de quatre-vingts ans, ne chemina jamais qu’entre quinze et dix-huit ans. »
  3. 17. Voyez tome III, p. 83, note 3, et tome V, p. 90, note 12. Elle mourut en sa belle maison de Touraine au mois d’avril 1713. Elle avait été amie de la duchesse de la Vallière. Voyez le Journal de Dangeau, tome XIV, p. 392  »