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Paris. Je finis, mon aimable : je n’ai point de jolis détails à mettre à leur aise sur ma feuille, je gagnerois beaucoup que le vent emportât cette lettre ; c’est à vous à parler. Corbinelli me mande des merveilles de la bonne compagnie d’hommes qu’il trouve chez Mlle de l’Enclos : ainsi elle rassemble tout sur ses vieux jours, quoi que dise Mme de Coulanges, et les hommes et les femmes ; mais quand elle n’auroit présentement que les femmes, elle devroit se consoler de cet arrangement, ayant eu les hommes dans le bel âge pour plaider[1].


1695

1407. — DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.

À Paris, le vendredi 4e mars.

Il a bien paru à la dernière lettre que vous avez reçue de votre amie, qu’elle n’avoit pas un secrétaire tout à fait à ses commandements. Tout ce que vous me mandez sur le libertinage de ce secrétaire est incomparable et très-vrai. Je ne revins que mercredi matin de chez ma seconde femme[2] où j’avois couché deux nuits ; et j’en revins pour assister au triomphe du mercredi à l’hôtel de Chaulnes. Le duc et la duchesse font gras les autres jours ; mais le mercredi, vendredi et samedi, c’est une bonne chère, qu’on ne peut assez vous vanter : leur maître d’hôtel est un homme admirable[3], et qui contribue beau-

  1. 4. Voyez la VII scène du 1er acte des Plaideurs de Racine.
  2. Lettre 1407. — 1. Mme de Louvois.
  3. 2. Ce maître d’hôtel s’appelait Honoré. Coulanges n’a pas dédaigné de célébrer ses talents dans ce couplet :

    En jours maigres comme en jours gras,
    Vive l’hôtel de Chaulne :
    Tous les jours des mets délicats,
    Des poissons longs d’une aune.
    Après le benedicite,