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Nous aurions bien des choses à dire, mon pauvre Monsieur, mais il faut les garder pour le retour, et se réduire à vous souhaiter toute sorte de bonheur, tout éloignement de tristesse et de chagrin comme choses incompatibles avec votre beau naturel ; et à vous assurer de mon estime et de mon amitié, pleine en vérité de beaucoup de reconnoissance.

La marquise de Sévigné.

Nos papiers, pour cette affaire que vous savez, ne sont—ils pas toujours chez M. Guillart, avocat au conseil, où nous avons été ensemble ? Je crois qu’ils y sont sûrement ; si en passant dans sa rue, vous aviez la bonté de le voir et de réveiller l’affection qu’il avoit pour moi, il me semble que cela seroit fort à propos, et vous continueriez vos soins sur cette même affaire, qui, je crois, s’évanouira. Que dites-vous de la pauvre Beaulieu qui a suivi son mari de si près[1] ?

Le marquis est arrivé depuis deux jours, très-joli ; mais la fièvre lui reprit hier. Ma fille est hors d’elle : vous la connoissez. Elle vous fait bien des amitiés, et vous assure que ce que je dis à Mme de Lesdiguières suffira, si elle n’est point engagée. Ainsi elle ne lui écrit point.


1691

1320. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE MADAME DE GRIGNAN À COULANGES.

À Grignan, le 15e mai.

de madame de sévigné.

Je sentois bien que je vous étois quelque chose de plus

  1. Voyez tome IX, p. 532, note 6.