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remercie d’avoir si bien distribué tous mes compliments ; Je vous supplie de continuer, et d’être très persuadée que personne au monde n’est plus à vous que j’y suis ni avec un plus tendre attachement. Mme d’Armagnac m’a envoyé son portrait, et ceux de ses deux filles[1] ; vous croyez bien qu’il a fallu leur faire place ; mais ne soyez point en peine pour votre portrait ; il occupe toujours le même lieu, et tient à mon cœur, ce qui est bien plus vous dire qu’à fer et à clou. Mme de Coulanges se porte assez joliment ; elle commence à manger un peu plus qu’elle ne faisoit.

1695

1402. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE COULANGES.

À Grignan, le 3e février.

Ah ! ne me parlez point de Mme de Meckelbourg[2] : je la renonce. Comment peut-on, par rapport à Dieu et même à l’humanité, garder tant d’or, tant d’argent, tant de meubles, tant de pierreries, au milieu de l’extrême misère des pauvres dont on étoit accablé dans ces der-

  1. 9. La duchesse de Valentinois et Mlle d’Armagnac.
  2. Lettre 1402. — 1. « Mme de Meckelbourg mourut (le 24janvier) à cinq heures du matin, à Paris, du même mal que M. de Luxembourg, son frère ; elle avoit près de soixante-dix ans. On croit qu’elle laisse quatre millions de bien. Elle donne à M. de Montmorency la terre de Merlou, qu’elle substitue ; elle laisse au chevalier de Luxembourg une terre en Poitou, qui n’est pas considérable ; elle avoit déjà assuré au comte de Lux (troisième fils du maréchal de Luxembourg, depuis duc de Châtillon) la terre de Châtillon, et les droits qu’elle avoit sur le canal de Briare ; ses meubles, ses pierreries et son argent comptant reviendront à Mme de Boutteville, sa mère, qui a quatre-vingt-dix ans, et qui se porte bien encore. » (Journal de Dangeau, 24 janvier 1695.)