ront-ils point à leur tour vous consoler de M. et de Mme de Nevers ? Pour moi, je crois qu’ils n’y manqueront pas, dès que le conclave sera fini ; car auparavant, le commerce qu’on veut établir avec le Saint-Esprit seroit un peu troublé par le vôtre. Ma mère vous dit tout ce qu’il faut vous dire sur les vers de M. de Nevers ; il est vrai qu’il a des expressions et des peintures d’une imagination trop plaisante : j’aimerais bien à réjouir la mienne d’un recueil de ses ouvrages. Mais que dites-vous de trouver à Grignan un si bon morceau de la Bretagne, ma mère et mon frère, que M. de Chaulnes a laissés aux Rochers, et qu’il retrouvera à Grignan ? Ils sont ravis d’espérer de lui en faire les honneurs. Vous jugez bien ce que c’est pour moi qu’une telle compagnie ; je veux croire qu’elle vous y arrêtera, et que trouvant tant de parents sur votre chemin, vous ne pourrez vous résoudre à passer plus loin ; je vous assure que je le souhaite fort, et que sans prétendre vous tenir lieu de Mme de Nevers, je ferai bien tout de mon mieux pour vous amuser, et pour vous marquer combien vous êtes
aimé et considéré dans ce château. Adieu, mon très—cher :
votre maîtresse[1] vous attend avec une impatience tout
amoureuse.
1691
1319. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À DU PLESSIS.
Oui, assurément, mon cher Monsieur, et vous et vos lettres sont fort de mon goût. Ce seroit mauvais signe
- ↑ Pauline. Voyez tome IX, p. 364.
lui l’abbé de Polignac, dont il fit son premier conclaviste d’honneur. Voyez la Gazette du 28 avril et les Mémoires de Coulanges, p. 237 et 238.