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1694 bien élevée, raisonnable au dernier point. Il donne quatre cent mille francs comptant à cette personne, beaucoup plus dans l’avenir : il n’a qu’une autre fille. On a cru qu’un tel parti seroit bon pour soutenir les grandeurs de la maison, qui n’est pas sans dettes, principalement celle de Mme de Vibraye[1], fille du premier mariage, qui presse fort. M. de Pontchartrain est entré dans cette affaire avec beaucoup d’amitié ; Monsieur le lieutenant civil aussi ; ils ont fait le contrat à Paris, où le père étoit allé ; il l’a signé, et le lieutenant civil, qui avoit une bonne procuration. Le père et le contrat sont ici ; sa femme et sa fille s’y sont rendues de Montpellier ; et enfin, Madame, après avoir vu et admiré pour plus de cinquante mille francs de linge, d’habits, de dentelles et pierreries, qu’il donne encore fort honnêtement, après huit ou dix jours de séjour ici pour faire connoissance, le marquis et cette fille seront mariés dimanche, 2° jour de l’année 95. Voilà, Madame, comme nous passons cet hiver, sans être sortis de notre château, où l’on a seulement les deux prélats, et M. de Montmor[2]qui a commencé toute cette affaire. Je vais vous faire perdre un quart d’heure de votre temps, Madame, pour lire cette longue lettre, et vous apprendre de quelle manière il a plu à la Providence de disposer de l’établissement de cette maison, et de notre séjour en ce pays. Si vous me faites l’honneur de répondre, adressez votre lettre à Paris, à l’hôtel du Carnavalet. Boucard me les envoie par Lyon, mais il est plus sûr de faire comme je le dis. Adieu, Madame, ma chère Madame, l’objet de mon estime et de mon envie. Ma fille me prie de vous assurer de ses très-

  1. 3. Mlle d’Alerac, marquise de Vibraye depuis le mois de mai 1689. Voyez tome IX, p. 35, note 7, et la Notice, p. 252 et suivantes
  2. 4. Voyez tome IX, p. 593, note 13, et ci-dessus, p. 159, note 8.