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pagnie, à dire tout ce que je savois de la charmante Pauline ; mon cœur avoit tant de part dans le portrait que j’en fis, qu’en vérité je crois qu’il lui ressembloit : au moins dit-on qu’une telle personne devoit être cherchée au bout du monde par tout ce qu’il y avoit de meilleur. Je crois que nous aurons M. et Mme de Chaulnes à la fin de ce mois. Le maréchal de Choiseul a exécuté vos ordres : c’est une vérité, je ne le vois plus ; il dit qu’on l’a averti qu’il se rendoit ridicule par aller souvent chez des femmes ; je lui ai laissé croire qu’on ne le trompoit pas ; et enfin j’en suis quitte pour une visite la semaine[1]. Il a fait des merveilles pour le pauvre maréchal de Bellefonds : il n’y a que lui qui parle au Roi pour toute cette famille. Adieu, ma très-chère : embrassez toujours la belle Pauline pour l’amour de moi ; voyez comme j’abuse de vous, de vous demander des choses si difficiles.



* 1396. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À LA COMTESSE DE GUITAUT[2].

[Grignan, décembre.]

Je vous ai écrit la dernière, ma chère Madame ; je vous demandois même une suite de vos bontés pour mes affaires, qui sont quasi devenues les vôtres ; mais il ne faut pas compter juste avec vous : vous avez une règle de ne point perdre le temps et de retrancher toutes les paroles inutiles, qui coupe la gorge à vos pauvres amies, qui seroient ravies de vous entendre quelquefois. Il faut cependant vous faire justice : c’est que, sans le dire, vous faites

  1. 7. Voyez plus bas, p. 256, note 8.
  2. Lettre 1396. — 1. L’original de cette lettre n’est plus au château d’Époisse.