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1694 et de Mme la marquise de Grignan leur fille ; il les a vus à Vincennes : il dit que ce sont les plus honnêtes gens qu’il est possible, et qu’ils vous ont élevé un chef-d’œuvre ; enfin il passa bien du temps à me chanter leurs louanges, et je vous assure qu’il ne m’ennuya pas, car je prends un très-sincère intérêt à tout ce qui a rapport à vous et à ce qui vous touche ; je vous demande en grâce de faire bien des compliments de ma part à M. et Mme de Grignan : je suis trop triste et trop malade pour écrire à tout autre que vous ; vous vous passeriez peut-être bien de cette préférence. M. de Coulanges est toujours à la cour. Monsieur de Noyon[1] y fait une figure principale ; il est le seul présentement qui y soit, et la cour a toujours besoin d’un pareil amusement. Il sera reçu lundi à l’Académie[2] ; le Roi lui a dit qu’il s’attendoit à être seul ce jour-là.

L’abbé Têtu se trouva ici lorsque je reçus votre dernière lettre ; il fut fort touché du bon accueil que vous avez fait à ses stances[3] ; il vous envoie une dissertation sur Montaigne. Je ne veux pas oublier, mon amie, que l’on m’obligea il y a quelques jours, en très-bonne com-

  1. 4. François de Clermont-Tonnerre. Voyez tome II, p. 102, note 12.
  2. 5. « Le (lundi) 13, l’évêqùe comte de Noyon, pair de France, conseiller ordinaire du Roi en son conseil d’État, fut reçu à l’Académie françoise à la place vacante par le décès du sieur Barbier Daucourt. Il fit un discours plein d’éloquence et d’érudition, en présence d’un grand nombre de personnes de qualité ; et l’abbé de Caumartin, chancelier, lui répondit au nom de la Compagnie, avec beaucoup d’esprit et d’éloquence. » (Gazette du 18 décembre 1694.) — Voyez le chapitre III de l’Histoire de l’Académie française par M. Paul Mesnard ; le Journal de Dangeau, au lundi 13 décembre, et l’addition de Saint—Simon.
  3. 6. Ne seraient-ce pas les six stances insérées au Mercure de décembre 1694, et intitulées : Cantique sur les vaines occupations des gens du siècle, tiré de divers endroits d’lsaîe et de Jérémie ? Voyez ci-dessus, p. 214, note 3.