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mieux, elle auroit bien donné la préférence à un couvent. M. du Maine vient coucher aujourd’hui à l’Arsenal[1] ; il y doit donner à souper à toutes les dames qui l’habitent ; la jeune Mme de la Troche[2] brillera, car elle est la beauté de ce lieu. Mme de Bois-Franc[3] a la petite vérole ; le fils de Monsieur le premier président l’a aussi ; enfin, tout en est rempli. Je vous ai mandé l’affliction de M. de Coulanges au sujet de ses chansons, qui ont été même assez mal choisies à l’impression : on a mis son éloge à la tête du livre comme il ne pouvoit plus lui arriver que ce malheur, il y a été aussi sensible que ce capitaine qui après avoir vu mourir son fils et perdu la bataille de sang-froid, pleura seulement la mort de son esclave. Mme de Montespan est de retour ici ; elle a donné un lit de quarante mille écus à M. du Maine, et trois autres encore très-magnifiques. Elle donne ses perles à Madame la Duchesse. Adieu, ma chère amie : dites bien des choses pour moi à toute votre belle et bonne compagnie, et surtout ménagez-moi bien les bonnes grâces de la charmante Pauline.



1395. — DE MADAME DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.

À Paris, le 10e décembre.

Je viens de passer encore quinze jours sans vous écrire ; mais je garde mes excuses pour quand je vous

  1. 5. Il venait d’être fait grand maître de l’artillerie : voyez p. 189, note 5.
  2. 6. La veuve de celui qui fut tué à Leuze en 1691 ? voyez plus haut, p. 61 et note 2.
  3. 7. Est-ce la veuve de l’ancien chancelier de Monsieur, ou la belle-fille de ce même chancelier, Mlle de Soyecourt ? C’est plus probablement cette dernière. Voyez tome IX, p. 538, note 7.