1694
1394. — DE MADAME DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.
J’ai envoyé à Versailles la lettre que vous m’avez adressée pour M. de Coulanges : il y est établi depuis son retour. J’ai été bien tentée d’ouvrir cette lettre ; mais la discrétion l’a emporté sur l’envie que j’ai toujours de voir ce que vous écrivez : tout devient or entre vos mains. Je suis très-obligée à M. de Grignan de se souvenir encore de moi. Sa chute me met tout à fait en peine, et je vous prie, ma belle, de me bien mander de ses nouvelles, parce que j’y prends un très-sincère intérêt. Les vers que j’ai envoyés à la cour ont été fort bien reçus : la personne à qui ces vers s’adressoient[1] m’a écrit la plus aimable lettre du monde ; vous en jugerez par son effet, puisque sans ma mauvaise santé, qui me rend si difficile à changer de lieu, je serois partie sur-le-champ pour Versailles. J’avale sans fin des gouttes de Carette et tout ce que je sais c’est qu’elles ne font point de mal ; il y a peu de remèdes dont on en puisse dire autant. Au reste, j’allai voir hier la maréchale d’Humières ; elle demeure dans une vilaine maison au Faubourg Saint-Germain, où il n’y a place que dans la cour pour mettre son dais[2]. La duchesse d’Humières[3], de son côté, occupe une autre maisonnette dans l’Île.[4]. Si la maréchale avoit un peu de courage, en attendant
- ↑ Lettre 1394. — 1. Mme de Maintenon. Voyez la lettre du 29 octobre précédent, p. 208 et 209.
- ↑ 2. Dais meuble précieux qui sert de parade et de titre d’honneur chez les princes et les ducs. Il est fait en forme de haut d’un lit… Il n’y a de dais que chez les rois, les princes et les ducs… Le dais se met auprès de la cheminée dans les chambres de parade.(Dictionnaire de Furetière.)
- ↑ 3. La fille de la maréchale. Voyez tome IX, p. 497, note 13,
- ↑ 4. L’île Saint-Louis.