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1694

1394. — DE MADAME DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.

À Paris, le 26e novembre.

J’ai envoyé à Versailles la lettre que vous m’avez adressée pour M. de Coulanges : il y est établi depuis son retour. J’ai été bien tentée d’ouvrir cette lettre ; mais la discrétion l’a emporté sur l’envie que j’ai toujours de voir ce que vous écrivez : tout devient or entre vos mains. Je suis très-obligée à M. de Grignan de se souvenir encore de moi. Sa chute me met tout à fait en peine, et je vous prie, ma belle, de me bien mander de ses nouvelles, parce que j’y prends un très-sincère intérêt. Les vers que j’ai envoyés à la cour ont été fort bien reçus : la personne à qui ces vers s’adressoient[1] m’a écrit la plus aimable lettre du monde ; vous en jugerez par son effet, puisque sans ma mauvaise santé, qui me rend si difficile à changer de lieu, je serois partie sur-le-champ pour Versailles. J’avale sans fin des gouttes de Carette et tout ce que je sais c’est qu’elles ne font point de mal ; il y a peu de remèdes dont on en puisse dire autant. Au reste, j’allai voir hier la maréchale d’Humières ; elle demeure dans une vilaine maison au Faubourg Saint-Germain, où il n’y a place que dans la cour pour mettre son dais[2]. La duchesse d’Humières[3], de son côté, occupe une autre maisonnette dans l’Île.[4]. Si la maréchale avoit un peu de courage, en attendant

  1. Lettre 1394. — 1. Mme de Maintenon. Voyez la lettre du 29 octobre précédent, p. 208 et 209.
  2. 2. Dais meuble précieux qui sert de parade et de titre d’honneur chez les princes et les ducs. Il est fait en forme de haut d’un lit… Il n’y a de dais que chez les rois, les princes et les ducs… Le dais se met auprès de la cheminée dans les chambres de parade.(Dictionnaire de Furetière.)
  3. 3. La fille de la maréchale. Voyez tome IX, p. 497, note 13,
  4. 4. L’île Saint-Louis.