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1694 patience, et être bien persuadée qu’on ne meurt que quand il plaît à Dieu. Voila des vers que l’abbé Tétu m’a priée de vous envoyer ; ils sont de sa façon.[1]Le bruit court que le marquis de Mouy[2] aura la maison de Pipaut ; on dit qu’il fait habiller un de ses laquais en cerf, et qu’il le court toutes les nuits avec un cor : que vous semble de cet équipage de chasse ? M. de Harlay n’est point encore de retour de ses négociations[3] : tout le monde désire la paix, et l’espère peu. Voilà encore des vers de Mlle Bernard ; malgré toute cette poésie, la pauvre fille n’a pas de jupe ; mais il n’importe, elle a du rouge et des mouches. Adieu, ma belle amie : ne m’oubliez pas, je vous en conjure.

  1. 3. Voyez ci-après, p. 218, note 6. — Nous avons un recueil de poésies de l’abbé Tétu, intitulé : Stances chrétiennes sur divers passages de l’Écriture sainte et des Pères. Le privilège de la première édition est du 2 mai 1669.
  2. 4. Hyacinthe-Joseph-Procope, second fils de Claude Lamoral, prince de Ligne et du saint-empire romain, héritier de Henri de Lorraine, marquis de Moy, son grand oncle maternel. Il acheta en 1682 la compagnie des gendarmes écossais, dont il se démit en 1691. Il mourut à Paris, ruiné, le 31 décembre 1723. Il avait épousé le 8 avril 1682 Anne-Catherine de Broglio, fille unique de Charles, comte de Broglio, marquis de Dormans, morte le 4 décembre 1701. «  Ce M. de Mouy, dit Saint-Simon entre autres détails, (Journal de Dangeau, tome III, p. 293 et 294, était le plus prodigieux menteur de son temps et débauché à l’excès, bien fait et avec de l’esprit. »
  3. 5. Le traité de Riswick ne fut conclu que l’année 1697. « Le Roi, dit le président Hénault, y envoie pour plénipotentiaires MM. de Harlay, de Crécy et de Carrières, qui négocioient dejà secrètement depuis plus de trois ans. »