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1392. — DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.

À Paris, le 17e novembre.

Me voici bien arrivé et bien rendu dans mon aimable appartement, d’où je vous écris, mon adorable gouvernante, pour vous faire tous mes compliments sur le mariage de M. le marquis de Grignan, qu’on dit être non-seulement résolu et réglé, mais peut-être fait et parfait présentement ; vous croyez bien que je souhaite que vous en soyez tous bien contents ; et mes souhaits sont assurément des plus sincères, puisque personne ne s’intéresse plus que je fais à tout ce qui regarde la bonne, illustre et ancienne maison des Adhémars entés sur Castellanne : Dieu leur conserve ad multos annos[1]leurs beaux et magnifiques châteaux ! et que sur toute chose ils n’y fondent jamais d’hôpital ; car tôt ou tard l’hôpital porte guignon. Je n’ai point erré quand je vous ai mandé que l’église de celui de Tonnerre étoit de soixante-trois toises de long ; on la dit de la longueur de Notre-Dame de Paris ; mais elle n’est pas desservie comme celle de Grignan ; on n’y voit point ce chapitre vénérable, qui m’a donné de l’émotion toutes les fois que je l’ai vu, et tant de respect pour ses fondateurs. J’arrivai ici samedi au soir. Mme la maréchale de Villeroi est venue pour voir Mme de Louvois, et je m’en vais demain avec elle à Versailles, et peut-être de là à Pontoise, pour me redonner à tous mes illustres amis. Je ne sais quand je reviendrai ; et c’est ce qui fait que je vous écris aujourd’hui, et pour vous, et pour tout ce qui est marié et ce qui ne l’est pas dans le royal château que vous habitez ; mais comme il est impossible de faire son thème en tant de façons, je

  1. 1.Lettre 1392. — 1. « Pour de longues années.  » Voyez tome VIII p. 653, note 2.