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1694 gal que Mlle Bernard[1]fit impromptu en voyant ces deux portraits ; il a eu beaucoup de succès ici : vous jugerez si nous avons raison. Mlle de Villarceaux est morte de la petite vérole, sans confession et sans avoir eu le temps de déshériter ses cousines[2]. Mme d’Épinoi, la princesse[3], est accouchée d’un fils, et depuis ce grand jour on ne cesse de tirer et de boire à la place Royale. Adieu, ma chère amie.

  1. 7. Catherine Bernard, parente des deux Corneille, née à Rouen en 1662, morte à Paris vers l’âge de cinquante ans. On a d’elle des poésies, une tragédie de Laodamie(1689), une autre de Brutus (1690), et des romans oubliés. Ce madrigal est sans doute celui que cite l’abbé de Monville (p. 174), sans en connaître, dit-il, l’auteur :

    Oui, votre art, je l’avoue, est au-dessus du mien.
    J’ai loué mille fois votre invincible maître,
    Mais vous en deux portraits vous le faites connoître :
    L’on voit aisément dans le sien
    Sa bonté, son cœur magnanime ;
    Dans l’autre on voit son goût à placer son estime.
    Ah ! Mignard, que vous louez bien !

  2. 8. « Mlle de Villarceaux mourut à Paris ; elle a laissé quarante ou cinquante mille écus de bien, dont l’abbé de Grancey, Mme de Marey et Mme de Grancey hériteront également. Elle n’a pas eu le loisir de faire un testament qu’elle vouloit Faire, où l’on prétend qu’il y auroit eu une donation à un de ses amis. (Journal de Dangeau, 24 octobre 1694.) Mlle de Villarceaux était la dernière de sa maison. (Voyez la lettre du 16 juillet 1690, tome IX, p. 553.) Les enfants du maréchal de Grancey étaient ses cousins germains.
  3. 9. Il faut sans doute : « la jeune princesse ; » voyez ci-dessous, p. 233 et 240. « Avant que d’aller à l’Opéra, dit Dangeau au 11 novembre 1694, Monseigneur alla à la place Royale voir Mme la princesse d’Épinoi, nouvellement accouchée. Je crois que c’est la première visite qu’il avoit jamais faite à Paris. » — Saint-Simon s’est souvent occupé de Mme d’Epinoi, Élisabeth de Lorraine (voyez notre tome V, p. 209, notes 17 et 18, et ci-dessous, p. 240, note 5). Son fils unique, dont elle venait d’accoucher, le duc de Melun, mourut sans postérité en 1724 ayant été tué d’un coup d’andouiller.