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Nous apparut, et n’avoit avec elle,
Pour écuyer, que Busando, le nain.
Elle venoit pour avertir Madame
Qu’en ce château, le plus beau du pays,
Un vieux Clermont (Dieu veuille avoir son âme !)
Avoit caché le bonhomme Amadis.
Nous le cherchons, et ne le pouvons croire ;
Mais la géante, instruite du trésor,
Nous le fait voir dans le fond d’une armoire,
Où pour le moins depuis cent ans il dort.
Au bruit qu’on fait, le héros se réveille,
Bâille d’abord, frotte ensuite ses yeux,
Se lève, et dit en secouant l’oreille :
« Pourquoi venir me troubler en ces lieux ? »
Mais regardant du château la maîtresse,
Troublé, confus, il demande pardon ;
Voyant Louvois, il croit voir Grimanesse
Dans le fameux palais d’Apollidon.
Plein de respect, il se rend à Madame,
Et finissant tous les enchantements,
Nous découvrons Oriane sa femme,
Esplandian, et tous ses descendants.

Mme de Louvois demande à Coulanges où il en est d’Amadis. Sa réponse,


Sur l’air de Marianne étoit coquette :

Pour nouvelle, et qui n’est point fausse,
D’Amadis, Oriane est grosse,
Et Mabile en a le secret,
Qui répond à qui le demande
Qu’elle a toujours cru sur ce fait
Qu’à tel saint viendroit telle offrande.
De Danemark la damoiselle,
Autant que Mabile fidèle,
Peu scrupuleuse par bonheur,
Attend, dit-on, que l’enfant sorte,