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1694 avez parlé dans votre dernière lettre comme d’une chose faite, et dont vous sembliez tous très-contents. Pour moi, j’en serois fâché à l’heure qu’il est ; car voyant le changement qui est arrivé dans ces terres, je suis du sentiment qu’il vaut mieux, n’importe à quel prix, conserver ce qui nous vient de nos pères, que de le mettre au hasard, fondé sur un petit point d’honneur, qui avec le temps renverse toutes les bonnes maisons : ainsi, ma très-aimable gouvernante, je suis impatient de savoir la vérité de ce bruit, comme prenant plus d’intérêt que personne à tout ce qui regarde la maison de Grignan. Je vous conjure de la vouloir toujours bien assurer de tous mes respects et de toute ma vénération ; et pour vous, ma très-aimable, d’être bien persuadée qu’en m’honorant de vos bonnes grâces, et même de votre tendresse, vous favorisez la personne du monde qui vous estime, et qui vous aime davantage.

Mme de Louvois a reçu avec plaisir toutes les louanges que vous lui donnez, et tous les compliments que vous lui faites. Elle m’ordonne de vous en bien remercier, et de répandre aussi dans votre château beaucoup de compliments de sa part ; elle veut que j’envoie à la sage et raisonnable Pauline trois couplets que j’ai ajoutés à l’aventure de Gradafilée, en supprimant le couplet que j’avois adressé aux duchesses ses filles, ce qui rend l’ouvrage beaucoup plus complet. Si vous ne connoissez point l’Amadis, c’est du grec que je vous envoie.


LES VINGT-QUATRE TOMES DE L’AMADIS
trouvés à ancy-le-franc.

Sur l’air des Folies d’Espagne.

Encore hier, aventure nouvelle,
Gradafilée avec un air bénin