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1694 Coulanges me paroît hors d’affaire : elle va et vient comme une autre ; et pour peu qu’elle s’applique à faire une vie sainte, il y a toute apparence que le médecin ne rentrera de longtemps chez elle ; Dieu le veuille, et nous conserve tous !

On me mande de Paris que votre mariage[1] est tout à fait résolu ; que M. de Saint-Amant achète des habits pour sa fille, plus magnifiques les uns que les autres ; que vous avez eu à Grignan cette petite fille, que vous avez trouvée encore plus riche en perfections qu’elle ne l’est en biens, et qu’avant de l’amener à Paris, vous la garderez trois ans à Grignan, pour la rendre un prodige : et qui me mande tout cela ? ce n’est point Mme de Coulanges ; et voilà par conséquent quelle est la voix du peuple : s’il dit bien ou s’il dit mal, je m’en rapporte à vous. J’ai été ravi du mariage de la petite d’Ormesson avec M. d’Aguesseau[2] : je n’en ai jamais vu de mieux assorti, ni de plus désirable. Monsieur le premier président a dit tout ce qui s’en pouvoit dire et c’étoit l’alliance du mérite et de la vertu. J’ai fait tous vos compliments à nos reines de Sicile ; la grandeur de la maison de Clermont est bien étalée dans tous les coins et les recoins d’Ancy-le-Franc et je suis toujours à admirer qu’on puisse sans mourir voir sortir de sa maison tant de belles et magnifiques possessions. M. de Louvois avec toute sa faveur, mérite qu’on rende à sa mémoire la justice qu’il a eue de n’entrer dans aucune terre qu’on ne lui ait, pour ainsi dire, jetée à la tête : il n’y a aucun seigneur grand ni petit qui puisse lui reprocher la moindre contrainte, et cela peut passer pour un chef d’œuvre, dans le poste où il étoit.

  1. 4. Le mariage du marquis de Grignan avec Mlle de Saint-Amant. Il fut célébré le 2 janvier suivant.
  2. 5. Voyez ci-dessus, p. 145, note 7.