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1694 l’on a attendu si tard à lui dire qu’il alloit mourir, de peur de l’effrayer, qu’il a fallu recourir à Monsieur l’évêque de Troyes, pour tourner à bien ses derniers moments, dans lesquels il a reçu ses sacrements : voilà un beau sujet de faire des réflexions. Le public donne déjà tous les grands postes qu’il occupoit ; je ne sais si le Roi sera de même goût ; je souhaite du moins que le public ne se trompe pas, lorsqu’il donne l’artillerie au maréchal de Villeroi[1]. La maréchale et la duchesse suivirent hier le Roi à Marly ; cela me paroît d’un bon augure. La maison d’Humières, au surplus, est ruinée de fond en comble ; il n’y eut jamais une telle déroute ; la maréchale n’aura point de pain, au pied de la lettre : autre sujet encore de réflexion sur la mauvaise conduite. La maréchale, qui vint hier débarquer chez sa fille d’Isenghien[2], se retire aujourd’hui chez les Filles de la Croix[3] dans le faubourg Saint-Antoine, sous les auspices de l’abbé d’Effiat[4], qui pourra lui servir de caution envers les religieuses. Mme de Coulanges se porte assez joliment ; elle a envoyé à son

    dans son appartement de Versailles entre les bras de l’abbé de Fénelon… qui, avec peu ou point d’hab1tude avec lui, l’assista dans ce terrible passage. » — Voyez tome I, p. 403, note 7, et tome II, p. 114, note 8.

  1. 5. On lit dans le Journal de Dangeau, au 1er septembre, que le Roi donna la charge de grand maître de l’artillerie au duc du Maine, qui rendit celle de général des galères. Le maréchal de Boufflers succéda à D’Humières dans le gouvernement de Flandre et pays conquis. Voyez la Gazette du 4 septembre.
  2. 6. Marie-Thérèse de Crevant d’Humières, mariée le 10 février 1677 à Jean-Alphonse de Gand dit Villain, prince d’Isenghien, né à Bruxelles le 13 juillet 1655, mort à Versailles le 6 mai 1687.
  3. 7. Couvent de l’ordre de Saint-Dominique, situé rue de Charonne. Au siècle suivant le prix de la pension était de quatre à cinq cents livres, ou trois cents livres sans vin. Voyez le Dictionnaire de Paris, par Hurtaire et Magny (1779), tome IV, p. 10.
  4. 8. Voyez tome I, p. 440, note 5.