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1694 Rochecourbières m’a fait venir l’eau à la bouche ; je vois d’ici ce lieu enchanté, et j’en connois tout le mérite ; rien n’est pareil à la description que vous en faites. Je vous fais mes compliments, quoique un peu tard, sur la mort de M. de la Fayette[1] : sa pauvre mère n’avoit songé qu’à remettre ce nom et cette maison à la cour et dans le monde, et le voilà sur la tête d’une petite fille[2]. On dit que le testament de M. de la Fayette[3], fait par les soins et du vivant de Madame sa mère, a consolé sa femme et M. de Marillac, qui étoient fort affligés avant que d’avoir vu ce testament, lequel est très-désavantageux pour la veuve. M. de Lamoignon vous en pourra dire mieux que moi tous les tenants et aboutissants : c’est, dit-on, l’ouvrage du lieutenant civil. Adieu, ma très-aimable gouvernante ; adieu, Madame la Comtesse ; adieu. divine Pauline, et tous les aimables habitants d’un des plus magnifiques châteaux que je connoisse : Dieu vous conserve tous, et nous fasse la grâce de nous revoir

  1. 22. Dangeau dit au 11 août 1694 : « Le marquis de la Fayette, brigadier dans notre armée et colonel du régiment de la Fère, est mort de maladie à Landau. » Saint—Simon ajoute : « Avec ce M. de la Fayette, sa maison s’éteignit, ancienne et bonne. Il s’appeloit Mottier. Il étoit fils de cette Mme de la Fayette si connue par son esprit et sa liaison si longue et si intime avec M. de la Rochefoucauld, celui de la minorité de Louis XIV. Il étoit gendre de Marillac, conseiller d’État, et ne laissa qu’une fille unique, qui hérita de tout le bien de son grand·père, et qui fut mère du duc de la Trémouille d’aujourd’hui. La Fayette laissa un frère, homme d’esprit, de lettres, de campagne, cynique et singulier, qui avoit de l’honneur et des amis. Il avoit des abbayes et nul ordre. Il est mort bien des années après, sans avoir été tenté de se marier. »
  2. 23. Marie-Madeleine de la Fayette, mariée le 13 avril 1706 à Charles-Louis-Bretagne, prince de Tarente, plus tard duc de la Trémouille, petit-fils de la bonne Tarente. Elle mourut le 6 juillet 1717, à l’âge de vingt-six ans. Son mari, né en 1683, mourut en 1719. Voyez p. 172, note 6.
  3. 24. Il avait fait son testament le 11 mai 1692. (Note de l’édition de 1818.)