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1694 surer Mlle de Sanzei qu’elle n’avoit aucune part au sujet qu’elle avoit de s’en défaire ; mais quel est-il ce sujet ? c’est sur quoi on raisonne, qui d’une façon, qui d’une autre, car si jamais Monseigneur a aimé quelqu’un, c’est cette fille. L’a-t-on chassée sans sa participation ? La princesse de Conti a eu des entretiens très-particuliers avec le Roi qui étonnoient tout le monde, et voilà ce qu’ils ont enfanté. Mlle Chouin est à Paris chez Mme de Lislehonne, et l’on dit qu’on lui prépare un appartement aux petites Hospitalières[1]

Vous saurez par l’abbé Bigorre les nouvelles de l’armée, qui furent hier apportées par le petit Bontemps[2] ; et moi, je finis par vous remercier aussi de vos détails, et par vous en demander la continuation. Le dîner de[3]

  1. 20. Il y avait quatre maisons d’Hospitalières ; nous ne savons laquelle désigne ici Mme de Coulanges ; peut-être celle qui était voisine des Minimes de la place Royale, et où s’était retirée Mme Scarron avant de devenir gouvernante des enfants de Mme de Montespan.
  2. 21. Il apportait la nouvelle d’une marche très-célèbre du maréchal de Luxembourg, qui fit faire quarante lieues en quatre jours à l’armée qu’il commandait sous Monseigneur, et empêcha ainsi le prince d’Orange d’exécuter ses projets. Voyez les Mémoires de Feuquières, tome II, p. 3I7, et le Journal de Dangeau, au 26 août 1694. (Note de l’édition de 1818.)
  3. Mlle Chouin le sacrifice le plus important. La princesse ne pouvait plus conserver sa fille d’honneur, mais elle ne laissa pas de lui faire une pension par égard pour Monseigneur. On envoya le chevalier de Clermont à Tournay, et au mois d’avril suivant, son frère (Louis Annet de Clermont Chate), évêque de Laon, lui porta l’ordre de se défaire de sa charge, avec défense de jamais reparaître à la cour. Le chevalier se retira dans sa province, reparut à la cour du régent, et mourut en 1718, sans avoir repris de service. Voyez les Mémoires de Saint-Simon, tome I, p. 208 et suivantes ; les Souvenirs de Mme de Caylus, tome LXVI, p. 458 et 459 ; le Journal de Dangeau, et les additions de Saint-Simon, au 22 août 1694 et au 6 avril 1695 ; les Mémoires de Duclos, tome LXXVI, p. 74 et suivantes, et l’Histoirse généalogigue du P. Anselme, tome VIII, p. 935. (Note de l’édition de 1818.) — Mlle Chouin était, comme nous avons eu occasion de le dire, nièce de Mme de Buri.