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1694 et Richard Hamilton[1] qui y étoient dès la veille. Mon amour-propre fut content de la réception qu’on me fit ; quelle chère, quelle maison, quelles promenades, et quelle liberté ! Les Croissys s’en allèrent samedi au soir, mais ils furent remplacés dans le moment par la comtesse de Furstemberg[2], et par Mlle d’Albret[3], une jolie se-

    marquis de Bouzoles, lieutenant général. « Bouzoles, dit Saint—Simon (tome I, p. 307), gentilhomme d’Auvergne tout simple et peu connu, sinon pour avoir acheté le régiment Royal-Piémont, épousa la fille aînée de Croissy, déjà fort montée en graine et très-laide. Ce n’étoit pas faute d’ambition d’être duchesse comme ses cousines ; mais à force d’attendre et d’espérer, il fallut faire une fin et se contenter du possible, fort éloigné du titre. Elle avoit infiniment d’esprit, de grâce et d’amusement dans l’esprit, et passoit sa vie avec Madame la Duchesse ; elle ne faisoit pas moins de chansons bien assenées qu’elle, mais elle et son cher ami Lassay ne furent pas à l’épreuve des siennes, et si parlantes et si plaisantes qu’on s’en souvient toujours. »

  1. 3. Richard Hamilton, frère d’Antoine et de la comtesse de Gramont, lieutenant général en 1692 dans l’armée de Jacques II, et en 1708 dans celle du chevalier de Saint-Georges, dont il quitta le service au commencement de 1713. Dangeau dit au 20 décembre 1717 : « Richard Hamilton est mort à Poussay, chez sa nièce l’abbesse, fille de la feue comtesse de Gramont, sœur de Richard. » — « Richard Hamilton, ajoute Saint-Simon, étoit un homme de beaucoup d’esprit, qui savoit, qui amusoit, qui avoit des grâces et de l’ornement, et qui ayant eu une fort aimable figure, avoit eu beaucoup de bonnes fortunes en Angleterre et en France, où la catastrophe du roi Jacques l’avoit ramené. Il avoit servi avec distinction, et la comtesse de Gramont, sa sœur, l’avoit aidé à s’initier dans les compagnies de la cour les plus choisies ; mais elles ne lui procurèrent aucune fortune, pas même le moindre abri de la pauvreté. Il étoit catholique, et sa sœur l’avoit mis dans une grande piété, qui l’avoit fait renoncer aux dames, pour qui il avoit fait de très-jolis vers et des historiettes élégantes. Il alla mourir chez sa nièce, quoique pauvre elle-même, mais moins pauvre que lui, pour ne pas mourir de faim. »
  2. 4. Catherine-Charlotte, fille de Jean—Ernest, comte de Wallenrodt, mariée en premières noces à Francois-Antoine, comte de la Marck, dont elle eut un fils, et en secondes noces à Emmanuel-François Egon, comte de Furstemberg, tué en 1686 à l’assaut de Belgrade. Elle mourut le 4 avril 1726, à l’âge de soixante-dix-huit ans.
  3. 5. Morte à Port-Royal de Paris, le 16 septembre 1696.